Les plaies chroniques dites « non cicatrisantes » concernent des dizaines de millions de personnes dans le monde. Ainsi, de 15 % à 25 % des patients diabétiques développeront au cours de leur vie une plaie au pied car cette partie du corps, moins bien vascularisée du fait de l’obstruction artérielle, peut devenir aussi moins sensible à cause d’atteintes neurologiques. « Ces blessures sont propices aux infections et nécroses et leur traitement est difficile, explique Jean-Pierre Riveline, diabétologue à l’hôpital Lariboisière (AP-HP). Dans les cas les plus graves, elles entraînent une amputation. »
Et si un pansement « intelligent » permettait tout à la fois de surveiller une plaie, de la soigner et de stimuler sa cicatrisation. C’est le défi que s’est lancé une équipe du California Institute of Technology (Caltech). Leur prototype, testé sur de petits rongeurs, est détaillé dans la revue Science Advances.
« Peu de technologies peuvent être utilisées pour surveiller en continu le micro-environnement d’une plaie », explique le chercheur Wei Gao, assistant professeur en ingénierie médicale et auteur principal de la publication. « Notre laboratoire possède une grande expertise dans le domaine des capteurs portables sans fil et de l’électronique flexible. D’où la conception de ce patch capable d’effectuer une surveillance non intrusive et une analyse multicritères des biomarqueurs de la plaie, explique-t-il. Nous pouvons proposer une thérapie personnalisée avec des traitements antibiotiques et anti-inflammatoires, mais aussi accélérer la régénération tissulaire par une stimulation électrique. »
Eviter l’amputation
Le travail des chercheurs, qui a duré près de trois ans, a rencontré plusieurs écueils. « Nous avons ainsi découvert que la matrice complexe de la plaie influence considérablement les performances des capteurs », explique Wei Gao. Un problème que l’équipe a résolu « en incorporant une couche polymère pour limiter la concentration » des substances mesurées au niveau des capteurs, un dispositif qui a rendu « les réponses plus stables et plus précises ».
Selon le professeur Jean-Pierre Riveline, « même s’il ne s’agit que d’une étude préclinique, cet outil multifonction, avec son système de monitoring qui peut suivre l’évolution de la sévérité d’une plaie et y remédier en direct, est plein de promesse ». Ce spécialiste estime que ce travail technologique de pointe permet de plus « de mettre en lumière une problématique dont la gravité est malheureusement très peu évoquée ».
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