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Fécondation in vitro : « Les possibles risques sur la santé des enfants sont insuffisamment documentés »

Dans un entretien au « Monde », le professeur Pierre Jouannet, membre de l’Académie de médecine, s’alarme du manque de données médicales sur cette population. Il regrette que l’Agence de biomédecine, créée en 2004 et dont c’était l’une des missions, n’ait pas correctement mené ce travail de collecte.

Propos recueillis par  et

Publié le 02 juillet 2023 à 16h55, modifié le 03 juillet 2023 à 01h26

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Le professeur Pierre Jouannet, à son domicile, à Paris, le 1ᵉʳ juillet 2023.

Quelle est la santé à moyen et long termes des enfants conçus par fécondation in vitro (FIV) ? Quarante-cinq ans après la naissance du premier bébé-éprouvette, Louise Brown, le 25 juillet 1978, au Royaume-Uni, et alors que plus de huit millions de personnes ont été ainsi conçues dans le monde, la question est toujours posée. En France, 3 490 enfants sont nés en 2019 d’une FIV avec transfert immédiat, 7 292 d’une ICSI (injection d’un spermatozoïde directement dans un ovocyte) avec transfert immédiat, et 9 701 après transfert d’un embryon congelé. Le 21 mars, l’Académie de médecine a adopté un rapport sur ce thème.

Entretien avec Pierre Jouannet, l’un de ses rédacteurs, par ailleurs biologiste de la reproduction et professeur émérite à l’université Paris-Descartes.

Quelles sont les principales évolutions récentes de la FIV en France ?

Je vois trois évolutions majeures, au cours des dix dernières années. D’abord, on a diminué le nombre moyen d’embryons transférés in utero à chaque tentative. Au début, les praticiens en transféraient deux voire trois, ce qui a accru considérablement le taux de grossesses multiples et les problèmes connexes en matière de prématurité et de santé des enfants et des mères. Aujourd’hui, il est recommandé de ne transférer qu’un seul embryon. Grâce à l’amélioration des techniques, les taux de succès n’ont pas baissé et le taux de naissances multiples a été divisé par deux.

La deuxième évolution importante est le transfert de l’embryon dans l’utérus au stade blastocyste [une structure d’environ 200 cellules], ce qui augmente les chances d’implantation. Cela implique que l’embryon se développe pendant quatre ou cinq jours en laboratoire, ce qui n’est pas forcément sans conséquences.

Enfin, l’amélioration des techniques de congélation, notamment la vitrification désormais utilisée par tous les centres de procréation médicalement assistée (PMA), permet de récupérer des embryons de meilleure qualité. Au point qu’aujourd’hui les taux de grossesse obtenus après transfert d’embryons congelés sont aussi bons qu’avec des embryons « frais ». Cette amélioration peut modifier la stratégie du transfert embryonnaire. Les traitements hormonaux donnés avant la collecte des ovocytes n’étant pas toujours favorables pour assurer la nidification dans la muqueuse utérine, on s’est rendu compte que les taux de succès pouvaient être meilleurs si les embryons étaient tous congelés immédiatement après la FIV puis transférés ultérieurement. En 2020, cette stratégie dite du « freeze all » a été adoptée dans plus de 20 % des cycles de traitement de FIV et d’ICSI.

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