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GILLES RAPAPORT

La recherche, victime collatérale de la guerre en Ukraine

Par , , et
Publié le 10 juillet 2023 à 18h15, modifié le 11 juillet 2023 à 01h10

Temps de Lecture 10 min. Read in English

C’était l’une des plus anciennes collaborations du CNRS en Russie, depuis une vingtaine d’années. D’abord simple unité mixte franco-russe de recherche en mathématiques, le centre scientifique interdisciplinaire Poncelet, installé à Moscou, avait progressivement élargi ses champs d’investigation à la physique théorique, à la mécanique statistique ou encore à la matière condensée. Appelé à jouer le rôle de « plate-forme de coopération et de centre de cristallisation des collaborations franco-russes », pour reprendre les communiqués du CNRS d’avant la guerre en Ukraine, tout s’y est arrêté un certain 24 février 2022.

« L’invasion russe avait été annoncée dans la nuit. Dans les heures qui ont suivi, dès le jeudi matin, on en a parlé en collège de direction. Le jeudi après-midi, j’ai demandé au directeur de ce laboratoire international de recherche de rapatrier tout le personnel immédiatement », se souvient Thierry Dauxois, directeur de l’Institut national de physique. Patron de l’un des dix instituts qui composent le CNRS, le physicien reconnaît que, « sur le plan scientifique, la situation créée par la guerre est difficile ». Le CNRS a aussi rapatrié ses effectifs de l’Institut français de recherche de Moscou et du Laboratoire international d’archéozoologie de Novossibirsk, en Sibérie.

Pas moins de soixante-cinq « collaborations structurées » entre chercheurs ou laboratoires français et russes, bénéficiant d’un financement spécifique du CNRS, ont été arrêtées du jour au lendemain par l’institution de recherche hexagonale. Des coopérations sur les lasers intenses n’ont ainsi pas pu se prolonger. « Cela gêne les chercheurs, mais ils comprennent, affirme Thierry Dauxois, avant de préciser que « certaines collaborations individuelles ont néanmoins été autorisées à se poursuivre, par exemple lorsqu’il s’agit de finaliser un article. »

Quant aux échanges institutionnels, ils ont également été interrompus, conformément à ce que le CNRS avait annoncé dans un communiqué, dès le 2 mars 2022.

De fait, les sanctions imposées par l’Union européenne (UE) à l’encontre de la Russie ont été déclinées en France. Les colloques, moments privilégiés d’échanges entre chercheurs d’une même discipline, ont été annulés. Comme cet important colloque de physique qui avait été programmé dans la foulée de la nouvelle inauguration du centre Poncelet de Moscou prévue le 15 juin 2022, à l’occasion du renouvellement de l’accord franco-russe.

Ne pas injurier l’avenir

Au synchrotron européen de Grenoble (ESRF), conçu pour accueillir des chercheurs de toute l’Europe pour y réaliser leurs expériences ou leurs observations, plus un Russe n’est venu depuis le 29 mars 2022. Ce jour-là, un mois après le début de la guerre en Ukraine, le conseil d’administration décidait, à l’unanimité des représentants des vingt et un pays membres ou associés, moins la Russie, de suspendre l’établissement de collaborations scientifiques et techniques avec des instituts russes. Alors que la Russie contribue à hauteur de 6 % au budget de cet accélérateur de particules de 844 mètres de circonférence, ses « droits d’accès » aux installations de l’ESRF, qui étaient équivalents, sont gelés.

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