Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Biodiversité : comment les arbres repoussent leurs voisins de la même espèce

Une étude, publiée dans « Science », le 4 août, démontre un effet répulsif entre individus d’une même espèce à des distances allant jusqu’à 100 mètres. Un puissant moteur pour assurer la coexistence d’un grand nombre d’essences.

Par 

Publié le 09 août 2023 à 06h00, modifié le 09 août 2023 à 15h39

Temps de Lecture 3 min.

Read in English

Article réservé aux abonnés

Dans la forêt de l’île Barro Colorodo, dans le lac artificiel Gatun du canal de Panama, en novembre 2015.

C’est sans doute une des forêts tropicales les plus surveillées au monde. Sur l’île Barro Colorado, située dans le lac artificiel Gatun du canal de Panama, un rectangle de 1 000 mètres sur 500 mètres a fait l’objet en 1982 d’un recensement exhaustif des arbres et arbustes, à partir de 3 mètres de hauteur, renouvelé tous les cinq ans, et même tous les trois ans depuis 2015. Les scientifiques disposent ainsi d’une base de données unique sur plus de 200 000 individus, leur espèce, leur taille, leur dispersion, leur évolution, etc. Comme toutes les forêts tropicales, Barro Colorado dispose d’une incroyable variété d’essences, avec plus de 300 espèces différentes dans cette seule parcelle – l’ensemble des forêts européennes en compte 450 en tout.

Depuis les années 1970 et les travaux de deux écologues américains, Daniel Janzen et Joseph Connell, on sait que cette spécificité s’explique par un phénomène de répulsion entre deux arbres d’une même espèce. En effet, les parasites d’un individu (champignons, bactéries ou petits insectes) s’attaquent aux jeunes pousses issues de ses graines dans un rayon rapproché, ce qui laisse toute leur place aux plantules des autres espèces pour s’épanouir. Dans les forêts tempérées se produit l’inverse : les mycorhizes aident l’espèce la plus résistante à s’imposer au détriment des autres sur une même niche écologique.

Au-delà du rayon de dispersion naturelle

De nombreuses études ont permis depuis de démontrer et de mieux comprendre « l’effet Janzen-Connell », selon lequel une pousse aura d’autant moins de chance de prospérer que la densité d’arbres de la même espèce est importante. La nouveauté de celle publiée dans Science, le 4 août, par une équipe internationale de chercheurs est qu’ils ont mesuré cet effet répulsif entre congénères bien au-delà du rayon de dispersion naturelle des graines. Et, surtout, découvert que ce phénomène d’exclusion ne concerne pas que les jeunes plantules, mais joue aussi contre les arbres plus matures.

Pour arriver à cette conclusion, Michael Kalyuzhny, postdoctorant au département de biologie de l’université d’Austin, au Texas, et premier signataire de l’article, a bâti un modèle original comparant la dispersion observée des espèces dans cette parcelle de 50 hectares avec celle d’une dispersion aléatoire des graines autour des arbres matures existants. « Nous avons été réellement surpris par les résultats », explique Annette Ostling, professeure associée de biologie des systèmes à Austin, cosignataire de l’article. Et de citer le cas du Dipteryx oleifera à fleurs pourpres : « La distance entre un arbre adulte et son voisin le plus proche est 5,5 fois plus grande que prévu en fonction de l’endroit où tombent les graines, et chaque arbre n’a que 2 % des voisins attendus à moins de 20 mètres. »

Il vous reste 41.52% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.