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Un test pour mieux cibler le traitement des aphasies après un AVC

Près de 40 % des victimes d’accident vasculaire cérébral souffrent de troubles du langage. Un test mis au point par une spécialiste des sciences cognitives avec une équipe de l’hôpital Henri-Mondor, à Créteil, pourrait améliorer leur prise en charge.

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Publié le 08 septembre 2023 à 06h00

Temps de Lecture 3 min.

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Une neuropsychologue espagnole montre le mot « acabé » (« j’ai fini ») lors d’une séance d’orthophonie à l’un de ses patients, atteint d’aphasie. A Mairena del Aljarafe (Espagne), en mai 2020.

En France, entre 130 000 et 150 000 personnes sont victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC) chaque année. « Or, parmi elles, de 50 000 à 70 000 développent une aphasie – un trouble du langage – plus ou moins invalidante », observe Charlotte Jacquemot, directrice du département d’études cognitives de l’Ecole normale supérieure (ENS) et chercheuse au sein du laboratoire de neuropsychologie interventionnelle, en cotutelle entre l’Institut Mondor de recherche biomédicale, à Créteil, et l’ENS. « Ces difficultés de langage pèsent lourdement sur la vie quotidienne : elles limitent les interactions sociales et les perspectives professionnelles. Elles entravent aussi la rééducation des autres troubles cognitifs post-AVC », précise-t-elle.

Ces aphasies peuvent conduire à la dépression, d’autant que la rééducation n’est pas toujours efficace et que le nombre d’orthophonistes est notoirement insuffisant. La situation pourrait s’améliorer avec un nouveau test développé par l’équipe de Charlotte Jacquemot, le Core Assessment of Language Processing (« évaluation de base du traitement du langage », Calap). Celui-ci rend possible une identification rapide, en moins de quinze minutes, de la ou des composantes lésées du langage. Ce qui permet de cibler la rééducation sur ces composantes.

Actuellement, après un AVC, une échelle, le National Institutes of Health Stroke Scale (NIHSS), détermine dans les services d’urgences s’il faut pratiquer, dans les quatre heures, une thrombolyse, l’injection d’un médicament visant à fluidifier le caillot sanguin dans le cerveau. « Le langage étant peu exploré par le NIHSS, on lui a ajouté un test très court et sommaire pour détecter s’il y a une aphasie nécessitant une thrombolyse et une rééducation », explique Cécilia Jubin, orthophoniste dans le service de neurologie de l’hôpital Henri-Mondor (AP-HP), à Créteil.

Si une aphasie est détectée, on oriente le patient vers une évaluation plus détaillée au moment de sa rééducation. Mais cette évaluation, réalisée par les orthophonistes à partir d’outils standardisés, dure près de trois heures. Elle fatigue le patient, qui arrive rarement au bout, et les résultats sont touffus. Résultat : la rééducation, peu ciblée, est loin d’être toujours efficace. « Quand cela ne fonctionne pas, le patient se décourage et finit par arrêter », note Marie Villain, orthophoniste et neuroscientifique, actuellement en postdoctorat à l’Institut du cerveau, à Paris.

« Gain de temps précieux »

Lorsque Charlotte Jacquemot se penche sur cette problématique, au début des années 2000, elle constate avec étonnement qu’on ne comprenait pas pourquoi une rééducation fonctionne ou non : « Aucune n’utilisait les modèles de traitement du langage dont je suis familière en tant que psycholinguiste. » Elle passe alors les données des études récentes sur le sujet (124 patients en tout) au crible d’un modèle qui découpe le langage en cinq niveaux : phonologie (sons), morphologie (structure des mots), lexique (mots), syntaxe et sémantique. Chacun peut être lésé indépendamment des autres. Elle découvre que la rééducation fonctionne seulement si elle est appliquée sur les composantes « cassées » du langage. Son étude paraît en 2012. Aucun outil ne sait alors détecter ces composantes cassées.

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