Comme toujours en pareil cas, l’annonce doit être accompagnée de toutes les précautions d’usage. A commencer par l’affirmation claire qu’il ne s’agit aucunement du traitement miracle, qui viendra à bout du cancer du poumon.
Les résultats, publiés lundi 11 septembre dans la revue Annals of Oncology par la société OSE Immunotherapeutics et par le professeur Benjamin Besse, de l’Institut Gustave-Roussy de Villejuif (Val-de-Marne), peuvent même sembler modestes, puisque le gain de survie moyen chez ces patients résistant aux traitements n’est que d’environ trois mois et demi. Pourtant, le résultat apparaît assurément positif : au terme d’un essai clinique de phase 3, la start-up nantaise annonce que le « vaccin thérapeutique » qu’elle a conçu réduit de 41 % le risque de décès à un an chez des malades souffrant d’un cancer du poumon résistant avec métastases par rapport au traitement par chimiothérapie habituellement administré.
Un vaccin contre le cancer ? Le terme peut surprendre. En réalité, et contrairement aux vaccins prophylactiques habituels, c’est bien d’un traitement qu’il s’agit. Il est donc administré sur des personnes malades. Mais, pour combattre la maladie, il utilise le même principe que notre bonne vieille vaccination : il lui présente des antigènes, qui ressemblent aux protéines contenues dans les tumeurs, et éduque ainsi les cellules tueuses du système immunitaire. Dès lors, ces lymphocytes T sauront reconnaître les bonnes cibles et les éliminer.
Les avancées de l’immunothérapie
Ce vaccin n’est pas le premier traitement utilisant notre propre système immunitaire. Depuis dix ans, ce que l’on nomme l’immunothérapie a fait d’immenses progrès. Différents traitements sont ainsi parvenus à lever les freins que le cancer pose habituellement sur nos cellules tueuses. Ils sont entrés dans l’arsenal habituel de lutte contre la terrible maladie, au côté de la chirurgie, des rayons et de la chimiothérapie.
Mais de nombreux patients développent des résistances à ces traitements. Ce sont eux que ce nouveau traitement vise : des malades en phase avancée du cancer du poumon « non à petites cellules », atteints de métastases et résistant au double traitement par chimiothérapie et par immunothérapie. A ces patients, une nouvelle chimiothérapie est habituellement administrée. C’est à ce traitement, dit « de troisième ligne », que le vaccin, baptisé « Tedopi », a été comparé.
Les malades tirés au sort pour bénéficier du vaccin, venus de neuf pays européens, ont ainsi reçu une injection sous-cutanée toutes les trois semaines, à six reprises, du produit conçu autour de cinq petites protéines (peptides) similaires à celles trouvées sur les tumeurs ; puis les injections ont été espacées toutes les huit semaines, pendant un an ; enfin, toutes les douze semaines. Résultat : ils affichent une médiane de survie de 11,1 mois contre 7,5 mois pour le groupe contrôle. Autrement dit, la moitié des patients vivent au-delà de 11,1 mois une fois le traitement entamé.
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