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Personnes transgenres : face au manque d’accès aux soins, le parcours de la débrouille

De nombreuses études révèlent un état de santé préoccupant chez les personnes transgenres. Transphobie, refus de soin, manque de formation des soignants, rareté de l’offre en soins de transition… En réaction aux carences institutionnelles, milieux associatifs et praticiens volontaires se mobilisent.

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Publié le 30 octobre 2023 à 18h00, modifié le 30 octobre 2023 à 21h02

Temps de Lecture 11 min.

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Un jour, un dentiste explique à Florent (les personnes désignées par leur prénom ont souhaité rester anonymes), 26 ans, que « la transition de genre était dangereuse pour [ses] dents ». C’est faux. Une autre fois, un kinésithérapeute refuse de le suivre, car son « mode de vie est en désaccord avec ses valeurs », puis lui parle de Jésus. « Parfois, j’apprends des trucs sur la transition aux médecins et ça me déprime », commente-t-il.

Il y a trois ans, Florent obtient son changement d’état civil et donc une nouvelle carte Vitale, lui permettant de ne plus se justifier devant les professionnels de santé. « J’ai réalisé à quel point, jusqu’ici, ils mettaient mes problèmes de santé sur le dos de ma transition. » Transphobie, refus de soin, manque manifeste de formation des soignants dans l’accueil des personnes transgenres, retard dans les diagnostics de pathologies, rareté de l’offre en soins de transition : voici le quotidien des personnes trans dans l’accès à la santé.

Les associations LGBT+ et certains praticiens dénoncent depuis des années le manque d’accessibilité à des soins primaires de qualité pour les personnes trans, alors que les chiffres sur leur état de santé globale sont vertigineux. Entre 0,3 % et 4,5 % des adultes sont concernés selon les études et leur méthodologie, d’après l’Association professionnelle mondiale pour la santé des personnes transgenres (WPATH). « Lorsque j’ai commencé à recevoir des patients trans il y a quelques années, j’ai été déboussolée : alors qu’il s’agissait d’une patientèle jeune, les besoins en santé étaient très importants », témoigne la médecin généraliste Sophie Le Goff.

Une étude américaine présentée en juin 2023, incluant 66 682 patients trans reçus aux urgences entre 2006 et 2016, montre que ces derniers arrivent dans un état de santé bien plus dégradé que les personnes cisgenres (qui se reconnaissent dans le genre attribué à leur naissance) : 58,2 % des visites sont liées à des maladies chroniques pour les premiers, contre 19,2 % des visites pour les seconds. « Mes patients n’avaient pas accès au soin en raison d’une offre inexistante ou inadaptée, ou s’étaient eux-mêmes exclus du système de santé à la suite de discriminations ou de violences », poursuit, de son côté, Sophie Le Goff.

Selon une étude auprès des personnes LGBT+ de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne de 2019, 36 % des personnes trans ou non binaires (ne s’identifiant ni au genre masculin ni au genre féminin) rapportent avoir été discriminées en France, en raison de leur transidentité, par du personnel soignant ou des services sociaux dans les douze derniers mois.

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