LA LISTE DE LA MATINALE
Il y en a pour tous les goûts. Les journalistes du supplément hebdomadaire « Science & médecine » ont lu et choisi pour vous ces livres qui vous feront partager les défis à venir de l’exploration du Système solaire, découvrir le quotidien baroque et passionnant d’un médecin généraliste du Sud-Ouest ou encore comprendre ce que les performances sportives doivent aux équations mathématiques.
Don des corps à la science : voyage au cœur d’un scandale
En vertu de l’article 16-1-1 du code civil, « le respect dû au corps humain ne cesse pas après la mort. Les restes des personnes décédées, y compris les cendres de celles dont le corps a donné lieu à une crémation, doivent être traités avec respect, dignité et décence ». Trois mots manifestement oubliés au centre du don des corps (université Paris-Descartes), le plus grand centre d’anatomie d’Europe situé dans l’une des plus prestigieuses facultés de médecine.
Corps en décomposition, empilés les uns sur les autres faute de place, grignotés par les souris, odeur de putréfaction, prolifération de mouches, de vers, pannes d’électricité dans les chambres froides… Quatre ans après avoir révélé ces faits dans L’Express qui ont immédiatement entraîné la fermeture des lieux, la journaliste Anne Jouan revient sur ce scandale dans un livre, Le Charnier de la République, écrit avec le professeur Richard Douard, chirurgien viscéral, qui fut dirigeant bénévole du centre du don des corps, de mars 2014 jusqu’à sa démission en 2017, et Dominique Hordé, la secrétaire générale de mars 2016 à juin 2018.
« Sans ces deux figures (…), la situation calamiteuse des Saints-Pères (…) aurait perduré des années encore. » Ces deux lanceurs d’alerte racontent le sentiment de trahison qui les a assaillis lors de leur première cérémonie laïque en hommage aux donneurs. « Un contraste entre la grandeur d’un geste si généreux et l’indigence crasse de l’établissement », témoigne Richard Douard. Depuis sa création, en 1953, 60 000 personnes ont donné leur corps pour faire avancer la science.
Au-delà de l’indignité faite à ces femmes et à ces hommes, les auteurs racontent aussi « les macabres combines de certains [préparateurs en anatomie] pour arrondir leurs fins de mois ». Des ossements humains ont été cédés à des boutiques spécialisées dans la vente de squelettes ; des corps ont été loués pour des formations ou à des entreprises privées testant des prothèses, utilisés par des firmes automobiles pour des crash-tests de voitures moyennant quelques centaines d’euros. Mais, à côté de quelques profiteurs, d’autres préparateurs disent aussi leur quotidien sordide.
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