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Le mystère des nausées pendant la grossesse enfin levé

Des travaux, menés par un consortium de chercheurs internationaux, révèlent le fonctionnement d’une hormone impliquée dans ce symptôme, ouvrant la voie à des traitements pour les femmes touchées par l’hyperémèse gravidique.

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Publié le 15 décembre 2023 à 16h30, modifié le 12 avril 2024 à 11h15

Temps de Lecture 4 min.

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« Pendant mon stage postdoctoral, j’étais enceinte de mon deuxième enfant. J’ai souffert de nausées et de vomissements si graves que je ne pouvais ni manger, ni boire, ni bouger sans vomir violemment », raconte Marlena Fejzo. Cette biologiste généticienne qui travaille au département d’obstétrique et de gynécologie de l’université de Californie souffrait d’hyperémèse gravidique – du grec emesis, « vomissement », et du latin gravidarum, « enceinte ». Une maladie qui cause nausées et vomissements et touche 30 % des femmes enceintes. Elle entraîne une perte de poids, voire une déshydratation et des carences en nutriments, sans compter le retentissement psychologique. Les formes les plus graves touchent 2 % à 3 % des femmes. « Au quotidien, c’est une source de souffrance et de handicap, dans sa vie tant personnelle que professionnelle », souligne Elie Azria, gynécologue obstétricien, chef de service de la maternité du groupe hospitalier Paris Saint-Joseph.

« J’ai pris jusqu’à sept médicaments différents en même temps, mais rien n’y a fait. Au cours du deuxième trimestre, j’ai perdu mon bébé, poursuit Marlena Fejzo. Malgré cette horrible souffrance, mon médecin m’a dit que j’essayais simplement d’attirer l’attention. J’étais tellement faible que je n’ai pas cherché à argumenter. Mais, lorsque de nouveau j’ai été sur pied, j’ai décidé de consacrer ma vie à la recherche de la cause de cette maladie. »

Nous étions en 1999, Marlena Fejzo avait 31 ans. En 2018, elle fait pour la première fois le lien entre une hormone, GDF15, et ces nausées. Cinq ans plus tard, ses travaux, menés avec un consortium de chercheurs internationaux (Cambridge, Edimbourg, Glasgow et Kelaniya, au Sri-Lanka), publiés mercredi 13 décembre dans Nature, lèvent le voile sur le fonctionnement de GDF15. Analyses génétiques, tests sanguins sur des milliers de patientes, études sur des cellules humaines et des souris ont été réalisés pour mener ces recherches.

Une hypersensibilité à l’hormone GDF15

Cette hormone est impliquée dans de nombreuses fonctions de l’organisme, dont le contrôle de l’appétit et du poids, le métabolisme du fer. Lorsqu’une femme est enceinte, le fœtus en produit à haute dose, pour une raison encore inconnue. Les chercheurs ont constaté que le niveau de cette hormone augmente régulièrement au cours des douze premières semaines de grossesse, et qu’il est plus élevé chez les femmes qui souffrent de nausées que chez celles qui n’en ont pas.

Ces travaux vont au-delà de cette corrélation. « Cette nouvelle étude suggère que des niveaux plus faibles de GDF15 avant la grossesse conduisent à une hypersensibilité à l’hormone », précise Marlena Fejzo. Le risque de souffrir d’hyperémèse gravidique est ainsi inversement proportionnel au taux de GDF15 avant la grossesse. Plus il est faible avant la conception – les chercheurs ont mis en évidence une mutation rare dans le gène codant cette hormone – et plus le risque de nausées et de vomissements est important ; plus il est élevé, moins le risque de souffrir d’hyperémèse gravidique est grand. « Pour la première fois, cette interaction entre la mère et le fœtus aide à expliquer pourquoi certaines femmes souffrent d’hyperémèse gravidique pendant leur grossesse et d’autres pas », souligne-t-elle. De même, les chercheurs ont mis en évidence que les femmes atteintes de bêta-thalassémie – une maladie génétique de l’hémoglobine entraînant une anémie et présentant généralement des niveaux élevés de GDF15 – ont rarement des nausées pendant la grossesse.

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