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Bernadette Bensaude-Vincent, philosophe pacificatrice du conflit entre sciences et public

Distinguée pour ses travaux, la chercheuse émérite n’hésite pas à franchir les frontières disciplinaires, et propose dans son dernier ouvrage des pistes pour surmonter la défiance entre le monde de la recherche et l’opinion.

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Publié le 13 janvier 2024 à 17h00, modifié le 22 avril 2024 à 13h11

Temps de Lecture 6 min.

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Bernadette Bensaude-Vincent, à Normal sup, rue d’Ulm en juin 2021, à Paris.

C’est à la Sorbonne que Bernadette Bensaude-Vincent nous accueille, dans un bureau haut de plafond, impersonnel et désuet, qu’elle partage avec ses collègues du Centre d’études des techniques, des connaissances et des pratiques. « Mon parcours vient un peu d’ici », justifie la philosophe des sciences, qui a dirigé cette unité jusqu’à son départ à la retraite, en 2015. Elle a signé en octobre 2023, avec l’un de ses anciens étudiants, Gabriel Dorthe, Les Sciences dans la mêlée (Seuil, 272 pages, 22,50 euros), un ouvrage passionnant sur les relations entre monde scientifique et opinion.

Il n’y a pas plus actif qu’un retraité, et c’est le cas de la chercheuse émérite, qui siège dans plusieurs comités d’éthique (Inrae, Andra), est membre de l’Académie des technologies et a toujours sur le feu un projet d’article scientifique ou de livre. Au point de revendiquer son droit à assurer en pointillé son rôle de grand-mère : « Je dois me bagarrer pour avoir un peu de temps pour continuer ma recherche ! », plaisante-t-elle.

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Mais revenons au commencement. Elle tombe dans la philosophie « un peu par tradition familiale » : son père, journaliste, était philosophe de formation. Sa mère était professeure d’histoire, mais elle ne l’a jamais connue enseignante, la famille nombreuse l’ayant éloignée de son métier. « Ce qu’elle nous a toujours dit, surtout aux filles, c’est qu’il fallait travailler pour gagner notre autonomie. Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. »

Fascinée par le « pouvoir » des sciences

Elle profite de la mixité intellectuelle offerte par l’Ecole normale supérieure de Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine), qui mêle lettres et sciences. Apprentie philosophe sur les bancs de la Sorbonne, elle choisit de se pencher sur les secondes. « La question de leur pouvoir, de ce qu’elles peuvent et ne peuvent pas faire, m’a beaucoup interpellée. » Mais aussi la façon dont les sciences façonnent la matière, par le biais de la chimie. « Cela reste le sujet sur lequel je veux travailler aujourd’hui encore, et faire avancer la réflexion. »

Le parrainage de Michel Serres (1930-2019), brouillé avec une part du monde universitaire, a parfois été encombrant. Enseignante dans le secondaire, elle prend le relais, lorsqu’il part en mission à l’étranger, pour assurer ses cours universitaires. Elle y teste sur les étudiants les chapitres de sa thèse. « Sinon, je n’aurais peut-être pas réussi à la terminer… » Fidèle à l’auteur populaire de Petite Poucette (Le Pommier, 2012), elle participe actuellement à la publication de ses œuvres complètes.

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