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A l’époque du nazisme, un « New England Journal of Medicine » resté bien silencieux

A la demande de la revue américaine, deux historiens de l’université Harvard ont fouillé les archives du journal concernant les atrocités médicales de l’Allemagne nazie. Mis à part quelques lignes en 1933 et un article en 1935, rien d’autre n’a été publié jusqu’en 1944.

Publié le 13 avril 2024 à 17h30 Temps de Lecture 2 min.

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Vie des labos. Dans un article sobrement intitulé « Nazism and the Journal », le New England Journal of Medicine (NEJM) a décidé de revisiter son passé lors de la montée de l’antisémitisme et de la persécution des juifs dans l’Allemagne nazie. Mené par deux historiens de la médecine de l’université Harvard, Joelle Abi-Rached et Allan Brandt, ce travail s’inscrit dans une vaste introspection critique sur ce que le journal appelle « les injustices historiques en médecine et dans la revue » au cours de ses plus de deux cents ans d’existence. D’autres volets concernant l’esclavage ou encore l’eugénisme ont déjà été publiés.

Pour mener à bien leurs travaux, les deux chercheurs se sont plongés dans les archives du journal. Qu’ont-ils trouvé dans les tiroirs ? A vrai dire, pas grand-chose. « L’absence, le silence assourdissant sur cette période, c’est ce qui nous a le plus troublés », raconte Joelle Abi-Rached. En démarrant ses recherches, l’historienne a déniché fortuitement quelques lignes datées de 1933 sur les discriminations et les persécutions infligées aux médecins juifs « enfouies » dans un long article « très technique » portant sur la chirurgie. « Ce n’est pas l’antisémitisme qui posait problème aux auteurs, mais plutôt le fait que ces médecins, obligés d’arrêter leurs activités, n’auraient plus de moyens de subsistance », relève-t-elle.

Deux ans plus tard, en 1935, le NEJM évoque pour la première fois le nom d’Hitler, dans un article signé par Michael H. Davis, figure de proue de la politique de santé américaine, et sa collaboratrice, Gertrud Kroeger, une infirmière allemande. Des recherches la concernant révéleront plus tard qu’elle était une sympathisante nazie. L’article porte sur la réorganisation de l’assurance-maladie allemande. « Il est très troublant car il manque cruellement de critiques. Les deux auteurs font l’éloge de cette réorganisation tout en omettant une multitude de lois persécutrices et profondément antisémites mises en place dès 1933, souligne la chercheuse. Ils mentionnent même les camps de concentration mais avec désinvolture, voire sympathie. » Michael H. Davis et Gertrud Kroeger estiment que cette réorganisation est une révolution politique dont les Etats-Unis devraient s’inspirer.

Un travail de mémoire

En dehors de ces deux publications, le NEJM observera un silence total jusqu’en 1944 et la libération des premiers camps de concentration. Dans un éditorial intitulé « Epidemic Starvation » (« épidémies de famine »), l’hebdomadaire américain reconnaîtra alors les crimes de guerre et les conditions dramatiques dans les camps en Europe de l’Est. Mais il faudra attendre encore cinq ans pour que la revue condamne ouvertement les atrocités médicales des nazis dans un article rédigé par Leo Alexander, neuropsychiatre américain, qui avait rassemblé des preuves pour le procès des médecins nazis à Nuremberg.

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