Dix mille pas et plus. On sait que la sédentarité a des effets délétères sur la santé. Une étude vient de montrer que chez les enfants, elle peut modifier la structure du cœur et la fonction cardiaque. Conduite par l’épidémiologiste Andrew Agbaje, de l’université de Finlande orientale, avec les universités britanniques de Bristol et d’Exeter, l’étude a été publiée mardi 7 mai dans la revue European Journal of Preventive Cardiology. Les chercheurs ont analysé l’activité physique, par accéléromètre, chez 1 682 jeunes âgés de 11, 17 et 24 ans de la cohorte longitudinale britannique AVON, puis ont mesuré la fonction cardiaque, par échocardiographie, chez ces mêmes jeunes, aux âges de 17 et 24 ans.
La sédentarité est passée de six heures par jour au début de l’étude à onze heures chez les jeunes adultes. Cette augmentation du temps de sédentarité était associée à une augmentation pathologique de la masse cardiaque au cours d’une période de sept ans, allant de l’adolescence au début de l’âge adulte, et cela, indépendamment de l’obésité ou d’une tension artérielle élevée, précisent les auteurs.
« Il faudrait vérifier si cette augmentation de masse n’est pas liée à une accumulation de graisse dans le muscle cardiaque », précise le cardiologue du sport François Carré, qui trouve toutefois « l’étude intéressante ». Ce travail montre aussi une diminution de la fonction diastolique, la fonction de relâchement du muscle cardiaque. « C’est la façon dont le muscle, après s’être contracté, se relâche. Plus il se relâche vite et mieux le cœur fonctionne », explique François Carré. En perdant de sa capacité à se relâcher, le cœur se remplit moins et ainsi il renvoie moins de sang dans le corps, et fournit donc moins d’oxygène aux muscles et aux organes.
Dans les pathologies cardiaques, la fonction diastolique est altérée. Les personnes obèses ou les hypertendus ont aussi un trouble de cette fonction cardiaque. A l’inverse, les champions ont une capacité de relâchement du muscle cardiaque très rapide. On sait aussi qu’une masse ventriculaire gauche plus élevée augmente le risque d’infarctus du myocarde, d’accident vasculaire cérébral et de décès prématuré.
« Une véritable addiction à la chaise et aux écrans »
Des études antérieures portant sur la même population ont établi un lien entre une sédentarité élevée et une inflammation accrue, un taux élevé d’insuline, une obésité graisseuse, une dyslipidémie et une raideur artérielle, rappellent les auteurs. Preuve, s’il en fallait, des effets néfastes de rester assis. Indépendamment des autres facteurs de risque, la sédentarité est associée à un risque 2,5 fois plus élevé de développer une maladie cardiovasculaire, souligne l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (Onaps). « Il est de plus en plus évident que la sédentarité des enfants constitue une menace pour la santé qui doit être prise au sérieux. Il doit y avoir un changement de paradigme dans la façon dont nous percevons la sédentarité de l’enfance, car les preuves de plus en plus nombreuses pointent vers une bombe à retardement », insiste Andrew Agbaje.
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