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This bone fragment (« Denisova 11 ») was found in 2012 at Denisova Cave in Russia by Russian archaeologists and represents the daughter of a Neandertal mother and a Denisovan father.
T. Higham/University of Oxford

« L’Enigme Denisova », le voile se lève sur les Dénisoviens, nos si proches cousins

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Publié le 30 mai 2024 à 13h00

Temps de Lecture 2 min.

Livre. En 2008, des chercheurs russes trouvaient un minuscule os d’auriculaire dans la grotte de Denisova, dans l’Altaï. Cette découverte, d’apparence insignifiante, allait révolutionner le tableau de famille de la lignée humaine. En 2010, l’équipe de Svante Pääbo (Institut Max-Planck d’anthropologie évolutive de Leipzig) révélait que cette phalange vieille d’environ 50 000 ans appartenait à une fillette et pourrait amener à définir ce que les chercheurs n’osaient pas encore appeler une « nouvelle espèce ».

Aujourd’hui, ce statut s’est affirmé, et l’on commence à deviner les traits des dénisoviens et les contours de l’immense empire qu’ils s’étaient taillé en Asie. Cette aventure scientifique est retracée avec brio par la paléoanthropologue Silvana Condemi (CNRS, UMR ADES Aix-Marseille Université) et par le journaliste François Savatier dans L’Enigme Denisova, que le duo s’attache à déchiffrer.

Silvana Condemi a l’honnêteté d’évoquer les doutes qu’elle a initialement nourris sur la capacité de la génomique à mettre au jour une nouvelle lignée, sur la foi d’un fossile dont l’analyse anatomique ne permettait de tirer aucune conclusion. A la même époque, Svante Pääbo et ses épigones bousculaient les paléontologues en dévoilant le génome de Neandertal, révélant que celui-ci s’était bien métissé avec notre propre espèce, Homo sapiens – ce dont ils doutaient encore quelques mois auparavant.

S’extraire du « marigot du milieu »

Ces blessures d’amour-propre semblent aujourd’hui dépassées, tant la puissance de révélation de l’ADN ancien – qui a valu le Nobel de physiologie ou médecine à Svante Pääbo en 2022 – s’est depuis lors imposée. Au point d’aider les paléoanthropologues, comme le rappellent les auteurs, à s’extraire peu à peu du « muddle in the middle », le « marigot du milieu », période allant de 800 000 à 100 000 ans, où les traits archaïques et plus modernes des fossiles humains produisaient jusqu’alors une « impression d’ensemble confuse ».

Depuis 2010, d’autres dénisoviens ont été décrits. A Denisova même, où une métisse, fille d’une néandertalienne et d’un dénisovien, vivait il y a environ 100 000 ans. Au Tibet, les dénisoviens semblent avoir légué à H. sapiens des gènes d’adaptation à l’altitude. Au Laos, c’est une dent datant de 150 000 ans qui est attribuée à une fillette dénisovienne. Une foule de fossiles asiatiques, notamment chinois, d’attribution incertaine, pourraient finalement s’avérer dénisoviens.

C’est la thèse présentée par nos deux auteurs, qui déroulent aussi le scénario d’une série d’excursions de représentants du genre Homo hors d’Afrique : au troisième épisode, en Europe, Homo rhodesiensis alias heidelbergensis aurait eu pour descendant Neandertal, mais en Asie, ce serait Denisova, avec comme on l’a vu des zones de recoupement dans l’Altaï. Tous deux seront supplantés par notre espèce, sortie d’Afrique il y a environ 70 000 ans. Mais nous autres sapiens gardons encore en nous, rappellent Silvana Condemi et François Savatier, quelques traces génétiques de ces proches disparus.

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