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Poulpes, écrevisses, abeilles… la conscience animale bouscule la recherche

Le 19 avril était publiée la « déclaration de New York sur la conscience animale », signée depuis par 287 chercheurs. Celle-ci appelle à réfléchir sur la façon dont nous traitons les animaux, vertébrés et invertébrés, qu’il s’agisse de recherche expérimentale ou d’élevage. Entretien avec Martin Giurfa, neuroéthologiste, et Athanassia Sotiropoulos, directrice de recherche à l’Inserm, sur la portée de cet événement.

Propos recueillis par  et

Publié le 03 juin 2024 à 18h07, modifié le 05 juin 2024 à 08h21

Temps de Lecture 9 min.

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Bourdon mangeant le nectar et le pollen d’une fleur, en juillet 2020.

Il existe une « possibilité réaliste » que tous les animaux vertébrés, mais aussi de nombreux invertébrés, dont les céphalopodes, certains crustacés et même des insectes, possèdent une forme de conscience. En conséquence, il serait « irresponsable d’ignorer cette possibilité » dans la façon dont nous traitons ces animaux, qu’il s’agisse notamment d’élevage ou d’expérimentation animale. C’est le cœur du message de la « déclaration de New York », un texte publié le 19 avril et signé à ce jour par 287 philosophes, éthiciens, éthologistes et neurobiologistes spécialistes de la conscience animale.

Martin Giurfa (Sorbonne Université) étudie les abeilles et a signé cette déclaration. Athanassia Sotiropoulos de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) dirige le groupement d’intérêt scientifique FC3R, créé en 2021, dont la mission est d’encourager l’adoption par les laboratoires français de méthodes de remplacement, de réduction et de raffinement (les 3R) − au sens de recherche du bien-être − concernant les animaux de laboratoire. Nous les avons réunis pour évoquer la portée et les implications de cette déclaration de New York.

Martin Giurfa, pourquoi avez-vous signé cette déclaration ?

Martin Giurfa : Cela fait un moment que je participe à des discussions sur ce sujet, notamment avec un des initiateurs du texte, le philosophe Jonathan Birch [London School of Economics], très intéressé par la cognition chez les insectes. Et cela fait des années que j’étudie leurs capacités cognitives absolument surprenantes, comme l’apprentissage de concepts et de règles, la catégorisation et la transitivité, le fait de compter et de manipuler des notions numériques abstraites telles que le zéro, chez les abeilles notamment.

Martin Giurfa, Athanassia Sotiropoulos.

Toutes ces études montrent qu’on ne peut pas dire que les insectes sont des robots ou des machines associatives, ils sont bien plus que cela. Cela interpelle forcément, et cela pousse à se poser des questions. Dans mon laboratoire, nous avons ainsi lancé il y a deux ans une thèse sur la possibilité qu’il y ait une conscience chez les abeilles.

Et vous, Athanassia Sotiropoulos, auriez-vous signé ce texte ?

Athanassia Sotiropoulos : Oui et non. Directrice de recherche à l’Inserm, je ne travaille pas du tout sur la cognition, mais sur le muscle squelettique, donc je ne pense pas avoir la légitimité pour signer une telle déclaration. En tant qu’ambassadrice des 3R en France, je ne pourrais signer un texte sans engager mes tutelles.

Mais je trouve intéressant de réfléchir à cette idée d’un principe de précaution, car cela peut amener à une évolution des pratiques dans les laboratoires, en France et en Europe.

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