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Michel Sadelain, inventeur de chimères tueuses de tumeurs

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Publié le 04 juin 2024 à 06h00, modifié le 04 juin 2024 à 20h02

Temps de Lecture 6 min.

Un demi-sourire aux lèvres, une souplesse dans la démarche et cette singulière façon d’être au monde, l’air à la fois un peu ailleurs et très attentif… En cette fin de mai, Michel Sadelain promenait sa longue silhouette et sa fausse nonchalance à travers Paris – et sous son ciel gris.

Michel Sadelain, à l’Académie nationale de médecine, à Paris, le 28 mai 2024.

Un retour aux origines, pour ce médecin chercheur français et canadien de 64 ans, établi à New York depuis trente ans. « Je suis né et j’ai grandi en France, à Paris puis à Dieppe [Seine-Maritime]. Sans ancêtres gaulois, mais avec la culture française », dit-il d’une voix lente et douce, où chaque mot est pesé – élégance du verbe et de la pensée. C’est en 1958, en effet, que ses parents sont arrivés en France : son père, réfugié politique, venait de Pologne ; sa mère était d’origine ukrainienne.

« C’est la curiosité intellectuelle qui me fera choisir la médecine », précise-t-il. A l’hôpital Tenon puis à Saint-Antoine, à Paris, il découvre les finesses de l’immunologie et le goût de la recherche. En 1984, c’est l’envol pour le Canada, où son stage de six mois se transforme en thèse. Cinq ans plus tard, direction le Massachusetts Institute of Technology (MIT), aux Etats-Unis, où il entame un postdoctorat, avant de rejoindre, en 1994, le Memorial Sloan Kettering Cancer Center (MSKCC), centre de traitement et de recherche sur le cancer parmi les plus renommés, à New York. Il y poursuivra toute sa carrière. « Améliorer la condition humaine, c’est un de mes moteurs, confie-t-il. Et la santé, c’est un bien de l’humanité. »

A peine descendu de l’avion, lundi 27 mai, Michel Sadelain était convié à assister à la projection d’un documentaire relatant l’aventure de sa vie, Living Drugs (« des médicaments vivants », V & Co, non encore diffusé). Ou comment l’immunologiste, durant plus de trois décennies, a forgé et poli un nouvel outil de traitement du cancer, d’une folle inventivité et d’une redoutable puissance.

« Inutile », « sans avenir », « stupide »

Savant mélange de thérapie génique et cellulaire, cet outil au nom étrange, « cellules CAR-T », a déjà permis de traiter quelque 35 000 patients atteints d’un cancer du sang à travers le monde. C’est « une révolution dans le traitement de ces cancers », témoigne l’oncologue Gilles Salles, du MSKCC, qui souligne « la supériorité de cette thérapie pour guérir des patients, par rapport aux traitements lourds [greffes] établis depuis des années ».

Rien, pourtant, n’était gagné d’avance. « Dès 1986, j’ai pensé qu’il faudrait aider les cellules immunitaires à combattre les tumeurs en leur donnant une instruction génétique, raconte Michel Sadelain. Quand j’ai présenté cette idée en 1992, lors d’un congrès, personne n’a montré le moindre intérêt, c’était loufoque. » Le concept semble alors si « subversif » que l’establishment des oncologues et des immunologistes le juge « inutile », « sans avenir », « stupide ». « Tous ces mots, je les ai entendus. Et cela a beaucoup affecté ma vie, créant un état psychologique un peu particulier. »

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