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Stéphanie Lacour, singulière pionnière de la neurotechnologie

Spécialiste des implants cérébraux souples, la scientifique de 48 ans, à la tête de l’Institut Neuro-X à Genève, en Suisse, se distingue par son parcours atypique, à la croisée de l’électronique, de la biologie et de la médecine.

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Publié le 08 juin 2024 à 17h00

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Stéphanie Lacour, au Collège de France, à Paris, en février 2024.

La vie de Stéphanie Lacour a « basculé fortuitement », dit-elle, un jour d’été 2000 à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Alors doctorante en électronique à Lyon, la jeune femme doit remplacer dans une conférence son supérieur qui, lui-même, devait remplacer le sien ! Pour cette prise de parole inopinée, elle choisit son sujet de thèse, « Le développement d’un capteur en silicium poreux pour mesurer le niveau d’hydratation de la peau ». Sans se douter que dans l’assistance Sigurd Wagner, professeur de génie électrique à l’université de Princeton (New Jersey), l’écoute. « Je ne connaissais rien à sa recherche, mais j’ai trouvé Stéphanie claire et intelligente, se souvient ce pionnier de l’énergie photovoltaïque. A la fin de sa présentation, je l’ai invitée à venir découvrir Princeton. »

Cette main tendue va littéralement bouleverser les plans bien tracés de l’électronicienne de 24 ans qui se voyait rester en France. De Princeton à Cambridge (Royaume-Uni) puis à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL, Suisse), son parcours va l’amener à explorer biologie et médecine pour devenir une pionnière mondiale de l’électronique souple à des fins médicales. Désormais professeure à l’EPFL et directrice de l’Institut Neuro-X à Genève, cette mère de deux enfants est, à 48 ans, chercheuse invitée au Collège de France pour l’année 2023-2024 par la chaire Innovation technologique Liliane Bettencourt. Sigurd Wagner n’a pas hésité à traverser l’Atlantique afin d’écouter, jeudi 29 février, sa leçon inaugurale intitulée « Neurotechnologie : science et ingénierie pour de nouvelles thérapies ».

Ce soir-là, devant un amphithéâtre comble, Stéphanie Lacour souligne que sa discipline méconnue s’inscrit dans la longue histoire des sciences, entre « le papyrus Edwin Smith [vers 1600 av. J.-C.], premier traité de chirurgie cérébrale, et son pendant technologique, le “Big Toe” [vers 3000 av. J.-C.], première prothèse connue d’un gros orteil ». Son domaine, poursuit-elle, combine « les neurosciences, l’étude du cerveau en état de santé et de maladie » et « la technologie, c’est-à-dire des machines, des dispositifs matériels, mais aussi des logiciels ». Le tout afin de soulager certaines maladies neurologiques ou réparer des fonctions déficientes.

Sigurd Wagner et elle sont restés proches. « Stéphanie m’appelle encore pour des décisions importantes, mais dans la plupart des cas, elle n’écoute pas mes conseils. C’est une vraie Auvergnate », dit-il. Une Auvergnate qui l’a visiblement « bluffé » à son arrivée à Princeton pour son postdoctorat. Ce professeur cherchait alors à réaliser une peau électronique sensible destinée à un robot ; un jeune chercheur s’y était cassé les dents et Stéphanie Lacour a récupéré le mistigri. « Non seulement elle est revenue avec une solution, mais elle a découvert une propriété physique inconnue : un métal sur un substrat élastomère peut être étiré beaucoup plus fortement sans casser », raconte Sigurd Wagner. Cette propriété inspirera le théoricien des matériaux Zhigang Suo, alors à Princeton, maintenant à Harvard (Massachusetts), dans ses travaux sur la mécanique de la matière molle.

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