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Bioterrorisme : des chercheurs du MIT parviennent à contourner le système de détection censé prévenir la recréation de virus pandémiques

Un laboratoire du Massachusetts Institute of Technology, en coopération avec le FBI, vient de montrer qu’il était possible de construire des agents pathogènes pandémiques en commandant en ligne des fragments d’ADN ou d’ARN à des sociétés ayant pignon sur rue.

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Publié le 18 juin 2024 à 06h00, modifié le 18 juin 2024 à 10h14

Temps de Lecture 4 min.

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Le Massachusetts Institute of Technology (MIT), à Cambridge, aux Etats-Unis.

Le génie génétique vient de connaître un épisode comparable au quotidien du secteur de la sécurité informatique : quand des hackeurs bienveillants trouvent une faille, ils alertent les concepteurs de logiciels ou de microprocesseurs. Les industriels de la biologie synthétique sont confrontés à un tel « exploit », sur fond de menace bioterroriste.

Le généticien Kevin Esvelt, au Massachusetts Institute of Technology (MIT), est en effet parvenu, avec deux de ses étudiants, à contourner le système de détection censé prévenir la recréation de virus pandémiques tels que celui de la grippe espagnole ou de toxines comme la ricine, à partir de fragments d’acides nucléiques commandés en ligne dans le commerce. Dans une note publiée début mai, le trio décrit comment il a procédé, sous la supervision du FBI, à ce « crash-test ».

Ils ont ciblé trente-huit fournisseurs situés aux Etats-Unis et dans des pays desquels il est licite d’importer des produits biologiques, à des fins médicales ou de recherche. Parmi ceux-ci, treize sont membres du Consortium international pour la synthèse génétique (IGSC), qui s’engagent à vérifier si les séquences génétiques commandées présentent un risque, et si leurs clients potentiels sont autorisés à les manipuler dans des installations qui assurent la sécurité de ces opérations.

Pour circonvenir ces protections, les apprentis biohackeurs ont utilisé plusieurs stratégies. L’une d’elles a consisté à « camoufler » les séquences problématiques du virus à ARN de la grippe espagnole en leur adjoignant des bouts correspondant à des grippes bénignes. Aucune commande ne couvrait plus d’un tiers du virus grippal ou de la ricine, pour passer au-dessous des radars.

Une faille connue

Au total, à l’automne 2023, parmi ceux qui n’étaient pas affiliés à l’IGSC, vingt-quatre fournisseurs sur vingt-cinq ont livré les séquences « déguisées ». Et sur les treize membres du consortium contactés, la très grande majorité a honoré les commandes. Kevin Esvelt et ses collègues ont attendu que des parades puissent être adoptées « depuis au moins trois mois », avant de rendre publiques ces failles.

Dans une tribune publiée le 3 juin dans le Bulletin of the Atomic Scientists, l’IGSC rétorque que les procédures de ses membres n’ont pas été prises en défaut. Ceux-ci auraient conclu que les commandes étaient légitimes, parce qu’elles émanaient d’un étudiant de Kevin Esvelt, une personnalité bien identifiée dans ce milieu. A quoi l’intéressé rétorque que son laboratoire ne dispose pas du niveau de sécurité (P3) suffisant pour manipuler un agent à potentiel pandémique. Il note qu’un fournisseur américain a bien refusé de livrer les séquences de ricine en raison d’une absence d’autorisation par une autorité légitime, suivant en cela des directives américaines de 2010. Mais il a honoré la commande du virus grippal.

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