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(Original Caption) Los Angeles: TV cameraman scans over the 87 pounds of Columbian Cocaine worth nearly $20 million and the $402, 490 in cash which was seized in a series of nighttime raids 5/18. Four men and a woman were arrested by undercover narcotic officers following an intensive investigation lasting several weeks.
BETTMANN ARCHIVE / GETTY

Comment les « narcos » des années 1980 ont transformé la cocaïne en industrie

Par  et
Publié le 18 août 2022 à 18h57, modifié le 23 septembre 2022 à 08h04

Temps de Lecture 7 min.

D’abord, le riff saccadé de Keith Richards, puis la voix singulière de Mick Jagger : « Yeah, you got satin shoes/Yeah, you got plastic boots/Y’all got cocaine eyes. » Nous sommes en 1971. Les Rolling Stones viennent de sortir leur album Sticky Fingers, et Sister Morphine y danse avec sa « sweet cousin cocaine ». Drogue de la performance, drogue du plaisir, drogue d’un certain entre-soi, cette « douce cousine », comme disent les Stones, sort d’un long sommeil, et les hédonistes du rock écrivent un nouveau chapitre de son histoire.

Profitant de l’image négative associée à l’héroïne, qui est en train de ravager les quartiers populaires, la cocaïne affiche ses avantages supposés : pas de dépendance physiologique, selon certains médecins, nul besoin de seringue pour profiter de ses effets. La « coke » devient mondaine. En 1973, le New York Times la qualifie de « champagne des drogues », et le psychopharmacologue Robert Byck lui apporte sa caution scientifique en affirmant que « la cocaïne n’est pas un stupéfiant ».

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Quelques milliers de kilomètres au sud, la culture historique de la coca andine se restructure au gré des évolutions politiques régionales. Forts de leur savoir-faire dans le trafic de marijuana, les Colombiens supplantent peu à peu leurs homologues péruviens et boliviens, auxquels ils achètent une pâte de coca (issue de la macération des feuilles avec du kérosène et du bicarbonate de soude) de très bonne qualité qu’ils se chargent ensuite de transformer en poudre de cocaïne.

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Un jeune contrebandier de la région d’Antioquia, Pablo Emilio Escobar Gaviria, développe des stratégies commerciales ambitieuses et ouvre de nouvelles routes d’acheminement du produit vers le marché américain. En 1978, après seulement quelques années de « labeur », il est déjà assez riche pour racheter une exploitation agricole de 20 kilomètres carrés, bientôt transformée en domaine de luxe doté d’un zoo, d’une vingtaine de lacs artificiels, d’une piste d’atterrissage ou encore d’un circuit de karting… A l’entrée, « don Pablo » installe la réplique du petit avion à bord duquel il a envoyé ses premiers kilos aux Etats-Unis.

Lignes blanches et billets verts

En 1981, la ville de Miami, en Floride, est l’épicentre américain de ce florissant « business ». Les Colombiens y travaillent avec une partie de la diaspora cubaine, dans un climat de plus en plus violent. L’explosion du trafic s’accompagne de celle des homicides : 621 en un an. En 1983, le réalisateur Brian De Palma en fera le thème de son Scarface, ce film référence dans lequel les « cocaine cowboys », chemises à fleurs et cols pelle à tarte, n’hésitent pas à manier la tronçonneuse contre leurs rivaux.

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