Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?
Baptiste Deyrail

A Grunwald, la foudre s’abat sur les chevaliers Teutoniques

Par  (Malbork [Pologne], envoyée spéciale)
Publié le 24 août 2022 à 15h00

Temps de Lecture 7 min.

Les nationalistes allemands détestent entendre évoquer la bataille de Tannenberg, qui eut lieu le 15 juillet 1410. Ce jour-là, leurs héros, les puissants chevaliers Teutoniques, furent battus par la Pologne, alliée à la Lituanie. A l’époque, personne n’aurait parié sur un tel dénouement. Pour la première fois de leur histoire, les moines-soldats – redoutés dans l’Europe entière – perdirent la face. En Pologne, au contraire, la victoire est commémorée chaque année. Comme en Lituanie, elle nourrit la fierté nationale et anime l’esprit de résistance face aux agressions extérieures dont les deux nations furent souvent victimes. Aujourd’hui, l’invasion russe de l’Ukraine exacerbe encore ces ardeurs.

L’affrontement de 1410, l’un des plus retentissants du Moyen Age, s’est tenu à 150 kilomètres au sud-est de Gdansk. Les Allemands lui donnèrent le nom du village voisin de Tannenberg, mais Polonais et Lituaniens choisirent celui de Grunwald, un lieu-dit plus proche de l’interminable plaine où se déroula le combat. L’arrogance des chevaliers Teutoniques, sûrs de l’emporter, ne semble pas avoir échappé au sculpteur polonais Jerzy Bandura (1915-1987), l’un des artistes priés par Varsovie d’honorer le champ de bataille. En 1960, lors du 550e anniversaire de la mêlée cruciale, le public découvre son ouvrage, un obélisque en granit sur lequel deux épées sont gravées. Ces emblèmes renvoient aux deux lames offertes au roi polonais Ladislas Jagellon et au grand-duc lituanien Vitold, par des émissaires Teutoniques venus à leur rencontre juste avant la bataille. « Sachez, roi et Vitold, qu’en cet instant, nous allons combattre contre vous et que nous vous faisons le don de ces glaives pour vous aider », déclarèrent les messagers, d’après le récit qu’en fit plus tard le souverain de Pologne ainsi défié, pour ne pas dire moqué. Il est vrai que les guerriers allemands n’avaient eu, jusque-là, aucune raison de douter de leur suprématie.

La congrégation des Frères hospitaliers allemands de Sainte-Marie est fondée en 1190 à Jérusalem. Huit ans plus tard, les religieux, appelés par leurs supérieurs à prendre les armes, créent l’ordre des chevaliers Teutoniques. Une épée dans la main, une croix dans l’autre, les moines-soldats défendent les Lieux saints et les pèlerins face aux incursions sarrasines. Pour se différencier des Templiers, ils renoncent à la croix rouge arborée sur leur manteau blanc et optent pour une croix noire. Tous portent la barbe et, selon la légende, dorment habillés afin d’être toujours prêts à se battre.

Il vous reste 76.66% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.