Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?
Section grower Corey Evans walks between flowering marijuana plants at the Canopy Growth Corporation facility in Smiths Falls, Ontario, Canada, January 4, 2018. Picture taken January 4, 2018. To match Insight CANADA-MARIJUANA/INNOVATION   REUTERS/Chris Wattie
CHRIS WATTIE / REUTERS

Cannabis : après la légalisation, les nouvelles pousses du capitalisme

Par  et
Publié le 04 août 2023 à 20h00, modifié le 05 août 2023 à 00h45

Temps de Lecture 7 min.

A Smiths Falls, une bourgade de l’est du Canada, la fortune a longtemps eu l’odeur du chocolat. Celle que dégageait l’usine du géant de la confiserie Hershey, premier employeur de cette petite ville de l’Ontario, jusqu’à ce que l’entreprise décide, en 2008, de délocaliser sa production au Mexique.

Dix ans plus tard, alors que la ville est engluée dans le marasme économique, un intrigant repreneur transforme l’usine laissée à l’abandon. Smiths Falls exhale bientôt un autre parfum, celui du cannabis, et devient la capitale d’une industrie dont les habitants apprennent le nom à mesure qu’ils sont réembauchés : la weed tech – les nouvelles technologies appliquées à l’herbe.

La nouvelle fierté locale s’appelle Canopy Growth, numéro un mondial de la production de cannabis. En 2019, un an après le rachat des installations, l’entreprise atteint un record de valorisation boursière à 13,7 milliards d’euros et son PDG, David Klein, est alors le mieux payé du Canada. Les cylindres géants utilisés jadis par Hershey pour mélanger le sucre des barres chocolatées servent désormais à l’irrigation des plants de « marijuana ». La factory tourne à plein : 800 000 joints par jour.

Devant le siège de Canopy Growth à Smith Falls (Ontario), le 17 octobre 2018, jour où fumer du cannabis est devenu légal au Canada.

Miser sur Smiths Falls, en cette année 2019, n’a rien du hasard. Voilà tout juste quelques mois que le pays a légalisé le cannabis, et les clients potentiels sont nombreux. Selon l’organisme officiel Statistique Canada, 20 % des habitants âgés de plus de 15 ans sont alors des fumeurs réguliers. Le cabinet Deloitte estime à 2,5 milliards de dollars américains le marché national du cannabis légal en 2020, et anticipe sa croissance à 6,7 milliards en 2026.

De quoi donner à Canopy Growth des rêves de grandeur… Sauf que la société, trop ambitieuse, mal préparée, soumise aux stricts quotas des licences médicales et aux rigidités d’un secteur contrôlé par l’Etat, va exploser en vol.

Mastodontes de l’alcool et du tabac

Cotée au « Cannabis Index » de la Bourse de Toronto, son action dévisse, passant de 32,8 dollars en février 2021 à 7,12 dollars en février 2022, et à moins de 39 cents à l’été 2023. Au quatrième trimestre de 2022, l’entreprise accusait 260 millions de dollars de pertes nettes. Elle a licencié huit cents employés, dont la majorité du personnel de Smiths Falls. L’usine a de nouveau fermé. L’éphémère capitale du cannabis a replongé dans la crise.

Lire aussi l’enquête (2019) : Article réservé à nos abonnés Le cannabis canadien, de l’euphorie à la déception

L’« affaire » de Smiths Falls n’est pas anecdotique. C’est la parabole d’un secteur ultraspéculatif, où règnent l’anticipation et les paris financiers déraisonnables. Ses pionniers sont à l’affût des légalisations du cannabis thérapeutique et récréatif à travers le monde. Chaque loi ratifiée donne le feu vert à la ruée vers un nouveau marché. Licences d’usage médical, confiseries aromatisées, recharges pour vapoteuses, huiles au CBD… Il faut du cousu main pour s’adapter à des réglementations locales souvent négociées de haute lutte.

Il vous reste 73.62% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.