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Procès du Mediator : « Georges, il faut retirer ton signalement ! »

Le cardiologue Georges Chiche, qui a lancé en vain la première alerte sur les risques du médicament en 1999, a témoigné mardi devant le tribunal correctionnel de Paris.

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Publié le 16 octobre 2019 à 06h02, modifié le 23 octobre 2019 à 12h33

Temps de Lecture 5 min.

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Procès Mediator en cours au tribunal correctionnel de Paris, le 23 septembre.

Fin 1998, le cardiologue marseillais Georges Chiche reçoit en consultation un confrère médecin, quadragénaire, qui présente une valvulopathie. « Vous prenez du Mediator ? », lui demande-t-il. Réponse affirmative. Le médecin en surpoids s’autoprescrit ce médicament depuis six ans en traitement de prévention du diabète.

Pour Georges Chiche, un clignotant s’allume. Il a suivi de près l’étude publiée au mitan des années 1990 par le New England Journal of Medicine sur l’épidémie d’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) liée à la consommation d’anorexigènes utilisés dans le traitement de l’obésité. Deux de ces coupe-faim commercialisés par les laboratoires Servier, l’Isoméride et le Pondéral, ont été retirés du marché en 1997.

Alerté par les dénominateurs communs entre ces médicaments et le benfluorex, la substance chimique active du Mediator, le cardiologue décide de faire un signalement au centre régional de pharmacovigilance (CRPV) de Marseille. Le « cas Chiche », qui établit pour la première fois un lien entre valvulopathie et prise de Mediator, est jugé « plausible » par le centre marseillais. L’information est transmise début 1999 à Paris.

C’est peu dire que les laboratoires Servier n’apprécient pas l’initiative de ce fâcheux trublion marseillais. Entendu comme témoin, mardi 15 octobre, au procès du Mediator, le cardiologue raconte la suite de l’histoire. « J’ai eu zéro accusé de réception du centre national de pharmacovigilance, mais j’en ai eu trois de Servier ! »

Une « drogue merveilleuse »

Un mois après son signalement, il reçoit à son cabinet la visite d’un délégué de Servier. « Il vient me dire que mon observation est nulle et qu’il faut la retirer. C’était vraiment le Parisien qui descendait à Marseille ! » A la demande du CRPV, il accepte ensuite de rencontrer une médecin chargée de la pharmacovigilance chez Servier. « Elle m’a fait une leçon de biologie et m’a expliqué que je disais des bêtises. Bon, je ne lui en veux pas, elle défendait son bifteck. »

Le cardiologue admet d’ailleurs qu’il avait lui-même longtemps pensé que le Mediator était une « drogue merveilleuse » pour la prévention du diabète. « J’avoue que j’étais un bon prescripteur », dit-il. Mais la lecture de l’étude américaine et la découverte des parentés entre Isoméride, Pondéral et benfluorex l’avaient convaincu du risque de ce médicament, prescrit par certains médecins comme coupe-faim.

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