![Le professeur Pierre-Edouard Fournier à l’institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection, à Marseille, le 11 janvier 2021.](https://img.lemde.fr/2022/07/13/0/0/4239/2826/664/0/75/0/6498215_5693764-01-06.jpg)
Le professeur Pierre-Edouard Fournier, spécialiste des maladies infectieuses, va remplacer le controversé Didier Raoult à la tête de l’institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection de Marseille, au cœur de nombreuses polémiques depuis deux ans autour du Covid-19, a annoncé mercredi 13 juillet l’IHU.
Malgré les réserves, exprimées notamment par des syndicats qui doutaient de la capacité de cette candidature interne à impulser un réel changement, les administrateurs ont finalement validé le choix d’une commission spécialement mise en place pour cette succession et présidée par l’ancien patron de Renault, Louis Schweitzer. Les trois représentants de l’Etat se sont abstenus, a fait savoir un membre du conseil d’administration souhaitant rester anonyme.
Aix-Marseille Université, l’un des six membres fondateurs de l’IHU, « prend acte de cette nomination » : « On reste vigilants et les visites du CHSCT [comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail] vont continuer », a commenté son président, Eric Berton, interrogé par l’Agence France-Presse. « Echec et mat », a réagi Didier Raoult sur Twitter.
« Aujourd’hui, il y a un outil exceptionnel fabriqué par un homme hors norme. Pour le remplacer, c’était compliqué, après deux ans de turbulences. L’IHU doit retrouver sa crédibilité scientifique et internationale », a analysé de son côté un autre membre du conseil d’administration, le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier. « Le passé, c’est le passé, maintenant l’IHU regarde vers l’avenir », a déclaré de son côté Michèle Rubirola, première adjointe à la mairie de Marseille, chargée des questions de santé, à la sortie de la réunion.
Dirigeant du laboratoire de tests PCR
Médecin biologiste, le professeur Fournier s’était illustré en dirigeant le laboratoire de tests PCR à grande échelle que l’IHU avait réussi à mettre en place à Marseille dès l’arrivée de l’épidémie de Covid-19 en France. Au sein de l’institut, il fait partie de l’équipe Vitrome – pour « Vecteurs, infections tropicales et méditerranéennes » –, qui surveille les maladies infectieuses. Il est également responsable des plates-formes séquençage et de la biobanque de l’IHU.
C’est sous la direction de Didier Raoult qu’il avait soutenu sa thèse en 1999, consacrée à l’étude des rickettsioses, des bactéries intracellulaires à l’origine, entre autres, du typhus. Etant donné les « liens » que Pierre-Edouard Fournier a avec Didier Raoult, le CHSCT d’Aix-Marseille Université avait annoncé dès mardi « réprouver » ce choix. Pour le comité, le professeur Fournier « ne signifie pas de rupture dans le mode de gouvernance » et ne garantit pas « un avenir serein en termes de probité scientifique et médicale ».
Didier Raoult accusé de « charlatanisme »
Présidé par le professeur Raoult dès sa création, en 2011, l’IHU était secoué depuis plus de deux ans par des polémiques incessantes. Celles-ci se sont particulièrement cristallisées autour de la figure hypermédiatique de son directeur, accusé de « charlatanisme » par certains de ses pairs pour avoir fait la promotion, sans validation scientifique, d’un traitement du Covid-19 à l’hydroxychloroquine.
En décembre, il avait ainsi reçu un blâme de l’ordre des médecins pour avoir communiqué « des informations qui ne s’appuyaient sur aucune donnée confirmée ». Les accusations de « charlatanisme » avaient cependant été écartées, de même que celles de prises de « risque injustifié » pour les patients.
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