Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Une nouvelle substance par semaine : le redoutable essor des drogues de synthèse

Ces « nouvelles substances psychoactives », créées en laboratoire en Chine pour la majorité, accessibles en ligne et livrées par colis postaux, sont particulièrement difficiles à contrôler.

Par  et

Publié le 26 juillet 2022 à 04h52, modifié le 26 juillet 2022 à 17h58

Temps de Lecture 5 min.

Read in English

Article réservé aux abonnés

La fourgonnette louvoie sur la route départementale 911, traversant l’Aveyron du sud vers le nord. Le modèle du véhicule est le plus banal qui soit. Son itinéraire évite soigneusement les grands axes routiers. Son chargement est composé de quelques cartons et sacs-poubelle. Le voyage se déroulait sans anicroche, ce 19 janvier, jusqu’à ce qu’une patrouille en uniforme fasse signe au conducteur de se ranger sur le bas-côté. Contrôle douanier inopiné.

Chargé en Espagne, à destination des Pays-Bas, le contenu monochrome des cartons ne laisse guère place au doute. Ces fins cristaux blancs, affichant 613 kg sur la balance, alimentent un réseau de trafic de drogue… Mais il ne s’agit pourtant pas de cocaïne. Les premiers tests chimiques indiquent une réaction au PCP (phéncyclidine, un psychotrope hallucinogène), à la kétamine et aux « sels de bain ».

Envoyée d’urgence à un laboratoire spécialisé situé à Marseille, la poudre révèle son identité le lendemain. Cathinone de synthèse, un dérivé de feuilles de khat – un arbuste africain aux effets stimulants. La plus populaire parmi les « nouvelles substances psychoactives » (NSP), aussi appelées « nouveaux produits de synthèse » (NPS), ces drogues produites en laboratoire qui dérivent par modification chimique de drogues classiques ou de médicaments. Valeur estimée du butin : 9 195 000 euros.

Début juin, c’est au tour de la garde civile espagnole de faire une autre découverte : 3,2 tonnes de cathinone de synthèse sont saisies dans le port de Barcelone, représentant une valeur marchande de 61 millions d’euros. Jamais saisie de NSP n’avait été si importante en Europe, où ces drogues alimentent un marché émergent, sous haute surveillance.

« Course aux molécules »

« Chez les NPS, deux grandes familles sont particulièrement sous surveillance en France : les cathinones de synthèse – notamment la 3-MMC – et les cannabinoïdes de synthèse, en raison de leur diffusion croissante sur le territoire », indiquent Sabrina Cherki et Michel Gandilhon, chargés d’études à l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives. Ils précisent que, en 2017, 3,8 % des jeunes de 17 ans déclaraient en avoir déjà consommé – sans pour autant savoir identifier le type de NPS consommé –, contre 1,9 % en 2014.

« Spice Diamond », « Yucatan Fire », ou « Chill X », les noms rivalisent d’originalité

Plutôt que les dénominations scientifiques absconses, les consommateurs sont davantage familiers des noms commerciaux plus vendeurs, associés à des offres promotionnelles accessibles en quelques clics sur Internet et le dark Net et payables en bitcoins. « Spice Diamond », « Yucatan Fire », ou « Chill X », les noms rivalisent d’originalité. Le Buddha blue, ou « Pète ton crâne », est le cannabis de synthèse qui a sans doute connu le plus grand retentissement médiatique en France. Identifié en 2013, il a été repéré depuis dans plusieurs établissements scolaires, d’abord en Normandie puis dans les Hautes-Pyrénées, sous la forme de liquide à vapoter.

Il vous reste 67.09% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.