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Laure Beccuau, procureure de Paris : « L’infiltration de nos sociétés par les réseaux criminels dépasse toutes les fictions »

Dans un entretien au « Monde », la procureure de la République de Paris dresse un état des lieux de la lutte contre le crime organisé et alerte sur l’urgence d’intensifier les efforts.

Propos recueillis par  et

Publié le 18 novembre 2022 à 05h44, modifié le 01 avril 2023 à 16h58

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Laure Beccuau, procureure de la République de Paris, au tribunal judiciaire de Paris, le 8 novembre 2022.

La juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée (Junalco) a pour mission, depuis bientôt trois ans, de s’attaquer aux groupes criminels actifs sur le territoire français, notamment liés au narcotrafic. Cette juridiction spécialisée, placée sous l’égide du parquet de Paris, s’occupe des dossiers les plus complexes, où s’entremêlent aussi bien les affaires de corruption, de blanchiment que de règlements de comptes.

Laure Beccuau, procureure de Paris, détaille pour Le Monde les enjeux actuels de la lutte contre le crime organisé, dont les groupes les plus actifs, souligne-t-elle, sont aujourd’hui « sans limites » en termes de financements, de projection géographique et de recours à la violence.

Au regard des dossiers traités par la Junalco, comment caractérisez-vous les menaces liées à la criminalité organisée en France ?

La lutte contre la haute criminalité organisée est un défi actuel, un défi majeur. Aujourd’hui, le niveau de la menace est tel que l’on détecte des risques de déstabilisation de notre Etat de droit, de notre modèle économique, mais également de nos entreprises, à un niveau stratégique majeur. Au regard des quatre-vingt-six dossiers de la Junalco, on s’aperçoit qu’on est face à des réseaux tentaculaires.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés La Belgique redoute de devenir un « narco-Etat »

Il suffit de regarder ce qui se passe en Belgique et aux Pays-Bas pour démontrer que les organisations que l’on affronte n’ont aucune limite dans leurs moyens financiers, aucune limite dans leurs frontières ni dans leurs champs d’action (trafics de drogue, d’êtres humains, réseaux de prostitution…) pour peu que les profits se chiffrent en millions d’euros. Ces organisations ne connaissent pas de limite non plus dans leurs propres règles : pour s’imposer, elles ne s’interdisent plus rien. On le constate avec l’émergence de dossiers de règlements de comptes, d’enlèvements, de menaces, où le degré de violence est extrême.

Les Pays-Bas et la Belgique, que vous évoquez, sont régulièrement secoués par de violents règlements de comptes sur fond de trafics de stupéfiants. Pensez-vous que cette situation soit amenée à se reproduire en France ?

Si on n’a pas une réaction suffisante, cette contagion est annoncée. Nous savons que ces groupes ont atteint dorénavant un seuil dans leur présence sur les points d’entrée de la drogue en France. Notamment les ports, qui constituent des points de fragilité extrême. Ces organisations se projettent déjà sur les structures portuaires et aéroportuaires, avec des hommes de main présents sur notre territoire.

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