Vouloir évoquer le sujet de la sécurité des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 avec la Mairie de Paris ou la délégation interministérielle aux Jeux (JO), dirigée par l’ancien préfet de police de Paris Michel Cadot, revient à pénétrer dans un labyrinthe jalonné de courriels, de coups de téléphone et de fins de non-recevoir esquissées, puis levées, pour enfin aboutir au fond d’une impasse de silence. Les services, faut-il comprendre, à condition de se satisfaire d’éléments de langage, « travaillent en bonne intelligence », mais des « contraintes d’agenda » rendent toute réponse impossible.
La matière est instable, piégeuse. Après le fiasco de la gestion de la finale de la Ligue des champions de football au Stade de France, le 28 mai, difficile de s’exposer en déclinant une stratégie sécuritaire dont tous les aspects ne sont pas encore arbitrés. En accueillant le « plus grand événement sportif depuis des décennies en France », dixit l’entourage du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, le pays s’expose à tous les risques : politique, diplomatique, réputationnel.
Pour les minimiser, les organisateurs n’ont pas choisi la voie la plus facile en optant pour une cérémonie d’ouverture, le 26 juillet, dont personne ne sait encore rien, mais qui est annoncée comme une féerie fluviale : 160 embarcations, 10 500 athlètes, quarante-cinq minutes le long de six kilomètres de navigation franchissant dix-sept ponts entre celui d’Austerlitz et celui d’Iéna. Et pas moins de 600 000 spectateurs, dont 100 000 sur les quais bas.
L’ancien préfet de police Didier Lallement s’y était fermement opposé, préférant le cadre sécurisé du Stade de France, à Saint-Denis. La conception, confiée au scénographe Thierry Reboul, promet du grand spectacle. La gestion de la sécurité de cet événement hors normes, en revanche, donne des suées aux pouvoirs publics.
« Une cérémonie sur la Seine est à peu près la pire configuration imaginable », tranche Bertrand Cavallier. Spécialiste reconnu du maintien de l’ordre, ce général de la « 2e section », qui a quitté le service actif mais peut être rappelé à tout moment, est l’ancien patron du Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie de Saint-Astier (Dordogne), superviseur du sommet du G8 à Evian (Haute-Savoie) en 2003 et désormais responsable de Eykues, une société de conseil.
Selon lui, la configuration des lieux, l’affluence, « l’existence d’une coupure humide » exigent « une construction au millimètre », avec notamment un zonage précis des spectateurs le long des quais et « une présence extrêmement densifiée des forces de l’ordre, avec une capacité d’intervention immédiate en cas de transgression ou de problème », pour évacuer des fauteurs de troubles ou prendre en charge d’éventuels malaises.
Il vous reste 79.07% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.