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Derrière les grossistes d’Aubervilliers, un hub de blanchiment de l’argent du crime organisé

Plusieurs notes des douanes alertent sur la place occupée par des acteurs du Centre international de commerce de gros France-Asie dans des circuits de blanchiment utilisés par des réseaux criminels, de la Corse à l’Italie en passant par l’Espagne et la Hongrie.

Par  et

Publié le 07 février 2023 à 05h22, modifié le 01 avril 2023 à 17h06

Temps de Lecture 9 min.

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Le Centre international de commerce de gros France-Asie, à Aubervilliers, (Seine-Saint-Denis), en 2015.

Le chien Grizzly, dressé à flairer le cash, marque l’arrêt devant une cachette sous l’escalier. Il indique à son maître plusieurs tiroirs suspects puis plonge sa truffe dans une boîte de masques chirurgicaux. Au fil de ses recherches, des liasses de billets émergent de chaque recoin de la boutique de vêtements fantaisie Shining Star, perquisitionnée au matin du 27 janvier 2021 dans la zone commerciale Fashion Center d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Le berger belge malinois est infaillible : 2 118 billets de 20 euros, 1 233 billets de 50 euros, 525 billets de 10 euros et quelques autres coupures sont retrouvés chez ce grossiste chinois, soit un total de 125 000 euros en liquide. Les enquêteurs en sont persuadés : derrière cette enseigne de mode se cache une banque occulte du crime organisé.

Zhongshen Zhang, le gérant de la boutique, peine à convaincre, lors de son interrogatoire, qu’il ne conservait que le produit de quelques semaines de vente de tee-shirts et de pantalons bon marché. Il ne reconnaît aucun des cinquante-deux visages de la planche de photographies mise sous ses yeux. Parmi eux figurent des pointures du milieu corse. Au terme de plusieurs mois de filatures et de mises sur écoute, l’échoppe du Fashion Center d’Aubervilliers apparaît comme le fournisseur de cash privilégié des membres de la bande criminelle corse du Petit Bar.

Un de leurs intermédiaires a été aperçu en train d’entrer dans la boutique, les mains vides, le 19 décembre 2019 ; puis en repartir, quelques minutes plus tard, empoignant un sachet de plastique noir rempli de billets de banque. Selon l’enquête, un virement de 195 212 euros sur un compte hébergé à Hongkong avait été émis quelques jours avant que l’argent n’émerge ici, en liasses. Un transfert parmi d’autres, parfois plus importants. Les partenaires chinois fournissent, outre les billets de banque, des reçus fantoches de produits de maroquinerie ou de montres de luxe. Selon les enquêteurs, les espèces « blanchies » étaient destinées à être réinvesties dans un projet de restaurant à Courchevel (Savoie), ou simplement à subvenir au train de vie dispendieux des membres du clan corse. Cet axe Ajaccio-Aubervilliers n’a rien d’insolite. Il s’agit d’une relation « commerciale » éprouvée.

« Une variété de services »

Cette boutique, comme d’autres, depuis plusieurs années, dans ce petit monde des grossistes en vêtements made in China, est soupçonnée de s’être constituée une expertise dans le blanchiment d’argent à destination des acteurs du crime organisé, qu’ils soient trafiquants de drogue, escrocs spécialistes des faux ordres de virement, des fraudes à la TVA ou, plus simplement, entrepreneurs dans le BTP en recherche d’espèces pour payer des employés non déclarés. Selon plusieurs notes internes des douanes, que Le Monde a pu consulter, ces centres de grossistes chinois sont assimilés à des « hubs criminels » en plein essor, dont les enquêtes récentes révèlent « une capacité de résilience et d’adaptation hors norme ». « Ce marché parallèle, poursuit l’un des textes, qui fonctionne essentiellement en espèces, offre une variété de services à des groupes criminels de tous horizons ».

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