Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Les viols d’enfants en webcams, angle mort de la lutte contre la pédocriminalité

Par  et
Publié le 11 mars 2023 à 05h45, modifié le 11 mars 2023 à 16h54

Temps de Lecture 7 min.

« Elle fait ce que tu veux pendant le show babe, la jeune veut te plaire, montre son corps, show nu et tout le corps… » C’est l’un des nombreux messages, signés du pseudonyme « I love my kids », qu’une Philippine de 25 ans, habitant dans la banlieue de Manille, a envoyés entre 2017 et 2018 à un homme nord-américain.

Des messages de flirt parfois, des demandes d’aides financières régulières pour payer « le loyer » ou la « facture d’électricité » aussi. Quelques appels vidéo qui sonnent souvent dans le vide. Mais aussi des selfies « avec les enfants », occasionnellement. Il ne s’agit pas ici d’une relation à distance, mais de l’exploitation sexuelle d’une enfant philippine de 9 ans, forcée par sa famille à s’exhiber devant la webcam pour des Occidentaux contre rémunération.

Ces « shows », des vidéos en ligne et en direct, aussi appelés « live streams » de violences sexuelles sur enfants, n’ont cessé de croître ces dix dernières années dans le monde, y compris en France. Avec la pandémie due au coronavirus, le phénomène a encore pris de l’ampleur : les confinements ont exacerbé les violences intrafamiliales, tandis que les projets de voyage pédocriminels ont été contrariés par la fermeture des frontières et les berceaux mondiaux du proxénétisme des mineurs, appauvris par la crise, se sont d’autant tournés vers le streaming. Avec la percée des vidéos à distance, le profil des criminels a évolué.

Parce que les enfants sont à des milliers de kilomètres et que la rencontre a lieu en ligne, les consommateurs de ces live streams relativisent leur participation et n’hésitent pas à commanditer des actes de plus en plus violents. « Cela a permis à des profils de pédocriminels qui, jusque-là, se cantonnaient à du téléchargement d’images (…) d’aller encore plus loin dans la commission des faits », explique Barthélémy Hennuyer, procureur au parquet des mineurs de Paris entre 2018 et 2021. Il constate également que l’usage du streaming a pu faciliter le passage à l’acte des délinquants peu agiles sur le numérique.

« Peur de perdre son boyfriend »

« I love my kids » n’échange d’ailleurs pas avec ses clients sur des messageries secrètes ou en naviguant sur le dark Web (des sites Web cachés ou non référencés), mais par Facebook Messenger ou Skype, des services que les Philippins utilisent quotidiennement sur leurs smartphones. Nombre de trafiquants d’enfants philippins font connaissance avec des Européens et des Américains sur des forums et des sites Web pornographiques ou même en envoyant des demandes d’amis sur Facebook.

Il vous reste 78.16% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.