Aucune mesure, à elle seule, ne saurait répondre à la désertification médicale, qui s’aggrave. Le constat fait consensus chez les acteurs de la santé et résonne jusqu’au ministère de la santé. Il n’empêche, un an après avoir fait de l’accès aux soins une promesse phare de campagne, Emmanuel Macron peut difficilement, à ce stade, se prévaloir d’avancées concrètes. La convention médicale a échoué, les grèves de médecins se sont multipliées, des textes de loi ont braqué la profession, des élus continuent d’agiter le chiffon rouge d’une contrainte à l’installation…
Dans un entretien aux lecteurs du Parisien, dimanche 23 avril, le chef de l’Etat s’est inquiété de ne « plus [avoir] assez de soignants dans le pays », avant d’invoquer une « réponse multifactorielle » sur la santé, passant, entre autres, par la formation de plus de professionnels.
Un nouveau chapitre doit s’ouvrir, lundi, avec la présentation aux syndicats de la médecine de ville du règlement arbitral – sorte de convention minimale entre médecins libéraux et Assurance-maladie – en attendant de nouvelles négociations. Tour d’horizon des pistes dessinées par le gouvernement pour lutter contre les déserts médicaux et des points de blocage rencontrés.
Un médecin pour chaque malade chronique
Pas un patient en affection de longue durée (ALD) sans médecin traitant. Le président de la République en a fait la promesse lors de ses vœux au monde de la santé, le 6 janvier. Embourbé dans la crise des retraites, il l’a de nouveau mise en avant, lors de son allocution télévisée du 17 avril : « D’ici à la fin de cette année, 600 000 patients atteints de maladie chronique, qui n’ont pas de médecin traitant, en disposeront. » L’Assurance-maladie en comptabilise même 714 000, un chiffre qui pourrait passer à 800 000, fin 2023, si rien n’est fait, alerte-t-elle.
Depuis début avril, l’institution a enclenché un mouvement : chaque caisse primaire d’assurance-maladie doit contacter les patients et organiser, avec les médecins du territoire, une réponse au cas par cas. Ce « démarchage » commence à faire ses preuves dans les départements expérimentateurs. La Seine-Saint-Denis, qui recense 24 000 patients en ALD sans médecin traitant – un record –, en fait partie. Depuis janvier, quelque 5 800 patients ont ainsi pu trouver un médecin référent. La moitié d’entre eux voyait déjà un médecin de temps à autre, sans avoir un médecin traitant déclaré, l’autre moitié n’en trouvait pas.
« Cela ne peut être la seule solution, mais c’est une “action coup de poing” pour enrayer une dynamique inquiétante », fait valoir Marguerite Cazeneuve, la numéro 2 de l’Assurance-maladie, qui rappelle « la période de transition difficile » qu’il faut réussir à passer en attendant les effets de la réforme, enclenchée en 2020, d’ouverture du numerus clausus pour former plus de médecins. Quelque 6 millions de personnes, au total, n’ont pas de médecin traitant.
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