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Le quartier Pissevin, ghetto nîmois prisonnier des trafics

Malgré de nombreux coups de filet policiers, le quartier dans lequel Fayed, 10 ans, a été abattu lors d’une fusillade entre dealeurs, vit au rythme des conflits entre bandes pour s’approprier cette « centrale d’achats » de drogue. Plusieurs dossiers judiciaires, que « Le Monde » a pu consulter, permettent de dresser un tableau de ces rivalités.

Par  (Nîmes, envoyé spécial),  (Nîmes, correspondante) et  (Marseille, correspondant)

Publié le 04 septembre 2023 à 06h00, modifié le 04 septembre 2023 à 16h58

Temps de Lecture 9 min.

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Dans le quartier de Pissevin, à Nîmes, le 22 août 2023, après la mort d’un enfant de 10 ans dans une fusillade.

Sur la fresque qui recouvre les murs défraîchis des immeubles de la dalle Wagner, au cœur du quartier de Pissevin, un slogan à moitié effacé : « Nîmes, quartiers d’avenir ». Quelques adolescents traînent devant la médiathèque, fermée depuis trois mois, des hommes en djellaba passent devant le bureau de poste, également clos. Des dames âgées discutent, assises sur des chaises pliantes. La dalle paraît avoir retrouvé son calme, en cette fin d’après-midi du vendredi 1er septembre. La présence policière semble avoir fait taire, du moins pour un temps, les « Ara ! Ara ! » (« attention », en arabe) poussés par les « choufs », les guetteurs, qui d’ordinaire y surveillent, perchés sur les toits plats des magasins aux rideaux depuis longtemps baissés, l’arrivée des forces de l’ordre.

« Ils sont dans les parages », assure pourtant, résigné, Alain Lorgeas, 83 ans, l’une des figures de Pissevin, où il a emménagé en 1972 et dont il préside l’union de quartier. « Ils se cherchent juste un nouveau point de deal », renchérit Raouf Azzouz, président de l’association de quartier Les Mille Couleurs. Tous deux sont las, après dix jours, de raconter les mêmes choses aux médias, venus nombreux au chevet de la « ZUP », comme on surnomme ce quartier situé dans le sud-ouest de Nîmes, à la suite de la fusillade du 21 août, au cours de laquelle Fayed, 10 ans, a trouvé la mort dans la voiture de son oncle, un militaire sans lien avec le trafic, prise pour cible par des tireurs armés de fusils-mitrailleurs.

Une tragédie de plus, dans un quartier qui semble s’y être résigné. Comme, du reste, la municipalité nîmoise. « Aucun élu n’est venu [à la suite de la mort de Fayed] », déplore Raouf Azzouz. Il est loin le mois de février 2020, où deux fusillades entre bandes, causant trois blessés, avaient déclenché une grande marche blanche, à laquelle avaient participé nombre d’élus, dont le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier (Les Républicains). Les tirs, comme la guerre sans fin que se livrent des bandes de narcotrafiquants pour s’approprier le « four » (point de vente) Wagner, considéré comme l’un des plus rentables de la ville, avec plus de 25 000 euros de bénéfices par jour, font partie du quotidien. « Une gangrène, un cancer, qui est là et qui pourrit tout », peste Raouf Azzouz.

« Si l’on coupe une tête, une autre repousse »

Avant les balles qui ont tué Fayed et grièvement blessé son oncle, dans le quartier voisin de Valdegour, le 7 août, quatre hommes à scooter ont tiré sur un groupe d’adolescents, faisant deux blessés graves, dont un mineur de 15 ans. Le 2 août, c’est un homme, connu des services de police, qui est blessé par balle près de la dalle. Des vendettas sans fin, dont la police a souvent du mal à démêler les causes. « Il y a une instabilité qui explose depuis la fin de 2022, explique un policier, bon connaisseur du dossier de la “ZUP”. Des jeunes veulent déloger les clans en place. » Quitte à faire appel à des ressources extérieures, comme ces « Marseillais qui apparaissent » depuis quelques mois à Valdegour, « embauchés pour tirer ».

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