Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

A Marseille, le procès de la torture d’une petite main du trafic de drogue

En 2019, un jeune homme de 16 ans, à peine débarqué d’Eure-et-Loir, avait été battu et brûlé pour avoir vendu quelques grammes de cocaïne et de cannabis cité Félix-Pyat, sans l’autorisation des gérants du point de « deal ». Une affaire emblématique de la violence des dealeurs marseillais et du recours à une main-d’œuvre venue d’ailleurs, particulièrement vulnérable.

Par  (Marseille, correspondant)

Publié le 08 septembre 2023 à 06h00, modifié le 10 octobre 2023 à 13h07

Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

La cité Félix-Pyat, à Marseille, le 28 juin 2020.

Son rêve de gosse cabossé par l’existence, c’était les grosses voitures entourées de filles en bikini. Pour accéder à ce mirage, le 9 août 2019, Mathieu – le prénom a été modifié –, 16 ans, s’échappe du foyer de l’Aide sociale à l’enfance d’Eure-et-Loir où il loge après plusieurs échecs de placements en famille d’accueil. Direction Marseille où, à la lecture d’annonces alléchantes publiées sur les réseaux sociaux Snapchat et TikTok par les réseaux de vente de stupéfiants en quête de main-d’œuvre, l’adolescent pense qu’il va gagner 500 euros quotidiennement en vendant de la drogue.

Trois jours après avoir débarqué à la gare Saint-Charles, le 13 août, une voiture le dépose entre la vie et la mort devant un hôpital avant de repartir en faisant crisser les pneus. Son corps est martyrisé, porte la trace d’une quarantaine de brûlures de cigarettes et Mathieu a été brûlé au chalumeau sur le sexe et les cuisses.

Quatre accusés âgés de 22 à 30 ans sont jugés à partir de vendredi 8 septembre devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône pour ce calvaire que les juges ont qualifié d’« enlèvement et de séquestration accompagnée d’actes de torture et de barbarie ».

Comme tous les jeunes en errance qui viennent à Marseille proposer leurs bras aux trafiquants de drogue – on les a nommés les « jobbeurs » –, Mathieu trouve, dès son arrivée, un « job » aux Micocouliers, une cité des quartiers nord de la ville, haut lieu de la vente de stupéfiants. Il est interpellé alors qu’il vient de prendre son poste mais, à l’insu des policiers, il dissimule sous un arbre la cocaïne et le cannabis contenus dans sa sacoche de « charbonneur ».

« Pire qu’un animal »

Garde à vue, juge des enfants et placement dans un foyer le temps de trouver un éducateur qui le raccompagnera à Chartres… Mais Mathieu fugue immédiatement, court aux Micocouliers récupérer la drogue et file devant le bâtiment A6 de la cité Félix-Pyat pour écouler ses quelques grammes. Cette vente en « freelance », sans l’autorisation des gérants de Félix-Pyat, entraîne aussitôt une pluie de coups de poing et de barre de fer par les acteurs du réseau. Ils veulent savoir pour qui il travaille. Conduit dans un local associatif désaffecté, il est attaché sur une chaise avec du câble électrique, mis entièrement nu à l’aide de ciseaux, brûlé et frappé. Un garçon alors âgé de 17 ans – condamné à dix ans de prison en novembre 2022 par la cour d’assises des mineurs – le contraint à sniffer de la cocaïne. Lui a-t-on fait aussi ingurgiter du détachant pour le linge dont les enquêteurs ont retrouvé la trace sur place ? « Ils m’ont traité pire qu’un animal », dira Mathieu à la juge d’instruction.

Il vous reste 57.42% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.