« C’est la douche froide », a réagi Noam Leandri, le président du collectif Alerte, qui rassemble trente-quatre associations de lutte contre la pauvreté, à la sortie de la réunion organisée par le gouvernement. Le collectif espérait « une revalorisation des minima sociaux, qui ont décroché en raison de l’inflation et entraîné une perte de pouvoir d’achat pour les plus modestes. Mais la première ministre a fermé cette porte ».
Après huit mois de reports successifs, le gouvernement a dévoilé, lundi 18 septembre, son pacte des solidarités, très attendu dans le contexte actuel de forte hausse des prix à la consommation, qui touche de plein fouet les plus modestes, comme en témoignent les flux de demandes auprès des associations d’aide alimentaire.
Une partie du monde associatif s’est félicitée de quelques avancées. En premier lieu, ce nouveau plan « marque une augmentation de 50 % des crédits dédiés à la lutte contre la pauvreté par rapport à la stratégie précédente », a promis Elisabeth Borne, sans toutefois s’engager sur un montant. Le plan précédent, lancé en 2018, avait initialement été doté de 8 milliards d’euros sur quatre ans.
Le maintien des 203 000 places d’hébergement d’urgence existantes constitue également un soulagement. « Actuellement, des places se ferment un peu partout, et cette baisse va donc être stoppée, explique le président de la Fédération des acteurs de la solidarité, Pascal Brice. Evidemment, ça ne suffira pas, mais je prends les matchs les uns après les autres. »
M. Brice salue en outre la prise de conscience des difficultés de recrutement des travailleurs sociaux. La nouvelle ministre des solidarités, Aurore Bergé, souhaite par exemple mettre en place une école nationale du travail social, « pour aider à recréer des vocations ». « C’est important car on peut toujours envisager des centaines de mesures contre la pauvreté, s’il n’y a pas de travailleurs sociaux derrière, ça ne va pas le faire », prévient Pascal Brice.
Quatre grands axes
Pour construire son pacte, le gouvernement s’est fixé quatre grands axes de travail : la prévention de la pauvreté dès l’enfance, le retour à l’emploi, la lutte contre la grande exclusion, la transition écologique solidaire. Ces objectifs se déclinent en quelque vingt-cinq mesures concrètes, allant de la poursuite du déploiement des petits déjeuners à l’école, en particulier en outre-mer, ou des cantines à 1 euro pour lutter contre la malnutrition infantile, au Pass colo déjà annoncé, et à la multiplication des crèches à vocation d’insertion professionnelle, pour favoriser le retour à l’emploi des parents. Est également prévue, pour les familles monoparentales, une extension de l’aide à la garde individuelle d’enfant jusqu’à l’entrée au collège. Ou encore, à compter de 2025, le versement d’une prime de reprise d’emploi « pour tous les coûts induits par le retour à l’emploi », notamment en matière de mobilité ou d’habillement.
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