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Trafic de drogues à Marseille : une affaire de séquestrations, sévices et viol entre « esclaves » du deal devant la justice

Un nouveau procès de la violence du marché de la drogue débute jeudi dans la cité phocéenne. Parmi les six accusés, trois étaient mineurs au moment des faits.

Par  (Marseille, correspondant)

Publié le 21 septembre 2023 à 06h15, modifié le 10 octobre 2023 à 13h05

Temps de Lecture 5 min.

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Un immeuble à la Busserine, vaste cité des quartiers nord de Marseille, le 26 juin 2023.

Une semaine ne s’est pas écoulée depuis la condamnation de quatre jeunes hommes pour le lynchage d’un adolescent venu dans une cité vendre quelques grammes de drogue sans l’autorisation des patrons du réseau, et déjà la cour d’assises des Bouches-du-Rhône plonge de nouveau dans la violence du narcobanditisme marseillais. Six accusés – trois étaient âgés de 17 ans au moment des faits, en novembre 2020 – sont jugés à partir de jeudi 21 septembre pour avoir réduit en esclavage trois jeunes « travailleurs » du réseau de la Busserine, vaste cité des quartiers nord de Marseille. Une descente aux enfers pour Amar, 15 ans (tous les prénoms ont été modifiés en raison de la minorité des victimes), Martin, 16 ans et Issa, 17 ans, contraints de travailler gratuitement, coupés de toute communication avec leurs proches, séquestrés, torturés et, pour l’un d’entre eux, violé.

Le 18 novembre 2020, lorsqu’il aperçoit une patrouille de policiers, Amar se précipite vers eux et les « supplie de le sortir de là ». L’adolescent est dans un sale état, le crâne plein de bosses, la joue gonflée, un œil fermé par un gros hématome, un doigt cassé, les mains, un genou et un coude brûlés. Dans leur procès-verbal, les policiers notent aussi qu’il porte « sur le corps des impacts de gomme-cogne [des balles en caoutchouc] ».

Après avoir menti en racontant qu’il était venu à Marseille prospecter pour un stage de 3e et qu’il avait été enlevé à la gare Saint-Charles par quatre hommes, le collégien, originaire de la région, confessera s’être fait guider par un ami à la Busserine pour « gagner des sous et s’acheter un scooter ». Son téléphone confisqué, installé comme guetteur sur « la pelouse », un espace central de deal, Amar fait le récit de quatre jours de calvaire.

« Si tu ne le fais pas, je te coupe la gorge »

« J’étais dehors à guetter. [Un gérant de terrain chargé de mettre en place les travailleurs sur le “plan stup”] m’a étranglé devant Martin jusqu’à ce que je m’évanouisse. Martin criait : “Arrête, il est violet !” » Coups de couteau sur le visage, bras lacérés à l’Opinel, l’adolescent avait même été projeté dans un feu de camp. Un autre jour, alors que les gérants croyaient que sa mère le recherchait dans la cité, « ils m’ont écrasé la main jusqu’à ce qu’elle se casse. Ils me sautaient dessus à pieds joints à tour de rôle ». Un autre l’avait brûlé : « Un guetteur s’est approché de moi avec un briquet, il a mis la flamme sous mon menton et me disait : “A chaque fois que tu bouges, ce sera pire.” »

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