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Narcobanditisme : DZ Mafia, une sanglante organisation criminelle marseillaise, racontée de l’intérieur

Après une série d’interpellations récentes, de jeunes membres du clan qui s’oppose depuis des mois à une autre équipe de trafiquants locaux ont décrit dans le détail les ressorts et le modus operandi des règlements de comptes qui ensanglantent Marseille.

Par  (Marseille, correspondant)

Publié le 13 octobre 2023 à 05h45, modifié le 13 octobre 2023 à 22h28

Temps de Lecture 7 min.

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« J’ai été recruté par la DZ Mafia en début d’été, sur Snapchat. Ça a fait un groupe, la conversation a duré la journée. C’était pour le soir même. Je voulais que conduire, moi. J’ai pas les couilles d’appuyer sur la détente. » Arrêté en flagrant délit, quelques heures seulement après un assassinat à la kalachnikov dans une cité de Marseille, ce jeune gardé à vue qu’on appellera Thomas, 22 ans, revendique devant les enquêteurs un rôle de chauffeur lors des règlements de comptes. Et leur raconte de l’intérieur la DZ Mafia, ce groupe du narcobanditisme marseillais dont les rivalités de territoires avec le clan adverse, baptisé Yoda, seraient sans précédent, selon les policiers, et responsables de 80 % des assassinats et tentatives liés aux stupéfiants en 2023 à Marseille.

Le 15 août, les policiers qui s’intéressent à une 208 bleue dans le cadre d’une enquête sur d’autres assassinats s’aperçoivent que la voiture se met en mouvement en fin d’après-midi. Celle-ci a été équipée d’un appareil de géolocalisation et la brigade de recherche et d’intervention la suit à distance jusqu’à la cité Maison Blanche où, s’ils n’assistent pas visuellement à l’assassinat, les fonctionnaires entendent une vingtaine de coups de feu. Ils ont identifié Thomas au volant et reconnu le passager – le tireur – porteur d’une casquette Mickey. Deux heures plus tard, ils procèdent à leur interpellation en quasi flagrant délit, là où le commando s’est replié. Celui qui devait brûler la voiture et l’arme est également arrêté.

Thomas est titulaire d’un CAP cuisine, il vit chez ses parents dans une villa d’un petit village des Bouches-du-Rhône. Très vite, il abandonne son poste de commis de cuisine pour vendre de la drogue à Nîmes et à Campagne Lévêque, une cité marseillaise et un important point de deal. Il s’y fait remarquer comme un élément prometteur pouvant monter dans la hiérarchie. Dans ce milieu-là, il faut un surnom : ce sera « O’Connor », en référence au pilote du film Fast and Furious. Et, sur son compte Snapchat, il se baptise d’un pseudo qui en dit long : « Sicario 13090 ».

« 10 000 euros chaque mort »

Dès les premiers instants de sa garde à vue, quelques heures à peine après le meurtre, il explique comment il a été contacté pour conduire le tireur sur les lieux : « On devait aller à Maison Blanche pour régler un souci qui s’était passé auparavant. Bref, on va faire simple. J’ai mené la personne pour tuer la personne à la Maison Blanche. » Ce rôle de conducteur, Thomas va le revendiquer sur six autres actions qui se sont passées au cours de l’été. Il parle aussi de son recruteur, pour lequel il a travaillé dans les stupéfiants et qui a noté la volonté du jeune homme de « gagner encore plus de sous ». Le soir même de son embauche, ils sont « venus [le] récupérer chez [s]es parents. (…), [il] récupère une 308 GTI grise et c’est parti (…). Le passager descend et tire, il remonte dans la voiture (…). C’est [s]a première action pour la DZ. Ce soir-là, il y a juste eu un blessé. »

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