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Aujourd’hui, Docteur Marc Pomper ausculte Mr L. 45 ans, sénégalais. Sans-papiers, il vit en France depuis 2019. Il est travailleur journalier sur dans chantiers dans le BTP. Actuellement il dort dans un sous-sol. Docteur Pomper lui prends sa tension, le pèse, le mesure pour vérifier son état de santé.  Au final, il lui prescrit plusieurs médicaments pour son mal de tête et son rhume et lui donne un sac de couchage pour améliorer ses nuits. Lundi 06 Novembre 2023.
CAMILLE MILLERAND/DIVERGENCE POUR «LE MONDE»

Aide médicale d’Etat : à Saint-Denis, « des retards de diagnostic énormes chez les patients qui n’ont pas de couverture maladie »

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Publié le 06 novembre 2023 à 18h26, modifié le 07 novembre 2023 à 08h13

Temps de Lecture 4 min. Read in English

Cela fait deux semaines que son genou lui fait mal. Peut-être que ce n’est rien de grave mais, pour cet ouvrier du bâtiment spécialisé dans les travaux de maçonnerie, son genou, c’est comme un outil de travail. Le problème, c’est que Sikou (les personnes citées par leur prénom ont requis l’anonymat) n’a pas de couverture santé. Arrivé en France en 2018, il est sans papiers et n’a pas réussi à renouveler sa carte de bénéficiaire de l’aide médicale de l’Etat (AME), une prise en charge d’un panel de soins réduit pour les personnes en situation irrégulière.

Alors ce matin d’automne, faute de solution, il s’est rendu dans un des centres d’accès aux soins et d’orientation de l’ONG Médecins du monde à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) afin d’être vu par un docteur. Celui qui le reçoit, Marc Pomper, lui donne un antalgique et des anti-inflammatoires. En l’auscultant, il constate que le Malien présente « un peu de tension ». « Vous pouvez revenir dans trois semaines pour vérifier », propose-t-il.

En recevant des personnes sans couverture santé, Marc Pomper a un aperçu des situations qui pourraient se multiplier si l’AME était supprimée et remplacée par une « aide médicale d’urgence », comme le prévoit le texte de loi « immigration » examiné depuis lundi 6 novembre au Sénat.

Minkoro, un Ivoirien de 36 ans, souffre d’une cardiomyopathie dilatée. Comme il réside en France depuis moins de trois mois, il n’a pas encore droit à l’AME. « C’est un cas extrême, estime M. Pomper. Je l’ai envoyé à l’hôpital il y a quelques jours parce que je pensais qu’ils le garderaient pour faire un bilan correct, mais ils l’ont renvoyé au bout d’une journée avec un traitement d’insuffisant cardiaque sans même lui faire une coronarographie. » Faute de ressources pour acheter les médicaments prescrits, Minkoro est retourné voir Médecins du monde dans l’espoir de les obtenir à titre gratuit.

M. D., Ivoirien de 27 ans qui vit en France depuis 2019, n’a pas obtenu sa demande d’asile. Il ne bénéficie plus de l’aide « complémentaire santé solidaire » et souhaite solliciter l’aide médicale d’Etat. Ici, lors de l’information collective proposée par Marie, accueillante au sein du centre d’accès aux soins et d’orientation de Médecins du monde, à Saint-Denis, le 6 novembre 2023.
Le docteur Marc Pomper, dans la réserve de Médecins du monde, le 6 novembre 2023.

Loin de l’idée – rebattue à droite et à l’extrême droite – que l’AME servirait à couvrir des soins de complaisance, un rapport de l’inspection générale des affaires sociales et de l’inspection générale des finances de 2019 rappelait que « d’après les statistiques de l’Assurance-maladie, les bénéficiaires de l’AME consommeraient moins de médicaments “de confort” que la population générale : c’est par exemple le cas des médicaments contre le rhume et la toux (− 6 %), des médicaments contre les troubles digestifs (− 19 %) et des antiacnéiques (− 42 %) ».

Non-recours très fréquent

Au centre de Médecins du monde à Saint-Denis, qui a vu passer environ 3 000 personnes en 2022, les gens viennent avant tout pour « des problèmes de diabète, d’hypertension, de sommeil », énumère Isabelle Jouy, infirmière bénévole. « Il y a quelques jours, une dame est venue parce qu’elle avait une tumeur dans le dos. Ce matin, un monsieur s’inquiétait pour sa mère qui a un cancer. J’ai aussi orienté onze personnes pour un dépistage de la tuberculose. »

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