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A Marseille, un réseau de proxénétisme nigérian face aux juges

Depuis lundi 6 novembre, quinze prévenus dont trois chefs successifs du gang des Vikings, dont l’un est en fuite en Italie, comparaissent devant le tribunal correctionnel de Marseille.

Par  (Marseille, correspondant)

Publié le 10 novembre 2023 à 08h54, modifié le 10 novembre 2023 à 15h29

Temps de Lecture 4 min.

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Elle s’est coiffée d’un calot en feutre mauve et a couvert son visage d’un masque chirurgical. Lundi 6 novembre, au tribunal correctionnel de Marseille, la jeune Nigériane, qui n’a pas souhaité donner son identité, raconte en anglais comment elle a été forcée d’intégrer l’une des organisations criminelles nigérianes baptisées « cults » – celle des Arrow Baga –, et a été contrainte de se prostituer pour le compte de ce gang près de la gare Saint-Charles, « parce qu’[elle] n’avai[t] pas d’argent pour [se] nourrir ». Pendant la cérémonie d’initiation, explique-t-elle, ils ont utilisé « quelque chose pour [la] brûler et [la] marquer au dos ».

Le 20 juillet 2019, une « amie » la conduit au « Palace », la « maison secrète » où les membres de la confrérie se réunissent. Là, à la demande du chef du gang, elle affirme avoir été violée par cinq hommes. Lorsque la présidente du tribunal, Christel Estienne-Garcia, lui demande de regarder les prévenus, elle désigne Lateef Yakubu : « C’était lui le chef », déclare-t-elle. Le jeune Nigérian, âgé de 28 ans, qui se décrit aujourd’hui comme un sans-abri dans les rues de Montpellier, balaie les accusations : « Je n’ai jamais violé qui que ce soit, je ne sais pas pourquoi elle dit toutes ces choses. » D’ailleurs, lâchera-t-il au fil de son interrogatoire : « Je ne parle pas aux femmes. »

Viols par vingt hommes de quatre prostituées dans un squat, extorsions, passage de migrants entre l’Italie et la France, coups de machette pour des embrigadements forcés ou des punitions de membres désobéissants, proxénétisme violent : les juges marseillais épluchent depuis lundi 6 novembre des kilomètres d’écoutes téléphoniques qui dévoilent le patchwork des activités criminelles des Arrow Baga, autrement dénommés la « Suprême Viking Confraternity », identifiables à la couleur rouge de leurs vêtements.

Organisation créée dans l’Etat d’Edo, dans le sud-ouest du Nigeria, les Arrow Baga comptent parmi ces confraternités étudiantes qui, au tournant des années 2000, se sont muées en gangs criminels avant leur implantation en Europe. Comme les Eiye – les Bleus – ou les Black Axe – les Noirs –, Arrow Baga a pris pied à Marseille il y a quelques années. Ils viennent tous d’Italie. La majorité des quinze prévenus jugés, parmi lesquels figurent trois chefs successifs du gang dont l’un est en fuite en Italie, contestent toute appartenance au « cult » et réfutent être titulaires des lignes téléphoniques sur lesquelles les enquêteurs ont trouvé la trace d’activités délinquantes multiples.

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