![Gérard Gallas, ancien policier reconverti dans l'immobilier, à Marseille, le 13 novembre 2023.](https://img.lemde.fr/2023/11/15/0/0/5808/3872/664/0/75/0/66e7a67_1700062600992-maxnewsworldsix094606.jpg)
Sur les écrans du tribunal correctionnel, les premières photos montraient, lundi 13 novembre, une villa cossue de Carry-le-Rouet (Bouches-du-Rhône), station balnéaire proche de Marseille. Vue imprenable sur la Méditerranée, salle de fitness en sous-sol… Toutes celles qui ont suivi, au cours de trois jours d’audience, ont été les images de taudis rongés par l’humidité et infestés de nuisibles, de bacs à douche insalubres, d’installations électriques dangereuses et de visages d’enfants vivant avec leurs parents dans 9 m2, la taille d’une cellule de prison.
Le trait d’union entre toutes ces photos, c’est Gérard Gallas, gérant de société âgé de 50 ans, locataire de la villa de Carry-le-Rouet et propriétaire de plus de 120 logements insalubres dans les quartiers nord de Marseille. « Un mégalomane cupide », selon le procureur Guillaume Bricier, qui, mercredi, a requis quatre ans de prison avec mandat de dépôt et 75 000 euros d’amende contre cet ancien policier, dont l’objectif s’affichait sur un projet de livre intitulé : « C’était impossible, alors je l’ai fait. Comment je suis devenu millionnaire en moins de deux ans ».
En ajoutant la confiscation de deux immeubles et d’une assurance-vie de 220 000 euros, ces réquisitions sont les plus lourdes prises à Marseille contre un marchand de sommeil depuis l’effondrement de deux immeubles, il y a cinq ans, rue d’Aubagne, entraînant la mort de huit habitants. Pour M. Bricier, Gérard Gallas a mis en œuvre « l’industrialisation de la location de logements totalement dégradés ». Et, selon l’avocat de la commune de Marseille, Me Jorge Mendes Constante, qui s’est constituée partie civile, « ce dossier restera celui d’un marchand de sommeil qui a marqué cette ville ».
En 2017, alors qu’il quitte ses fonctions de policier au centre de rétention administrative, Gérard Gallas est pris d’une frénésie d’acquisitions immobilières, achetant une dizaine d’immeubles. Avec un apport de 150 000 euros provenant d’un héritage, son business plan, qui convainc les banques et doit le hisser dans « le 0,1 % des plus riches de France », consiste à acheter beaucoup d’appartements. « Si mon but avait été d’acheter une dizaine d’appartements en deux ans, je pense que cela aurait été moins mouvementé. Mais j’en voulais plus, beaucoup plus », écrit-il dans son projet de livre.
« Est-il possible de louer un appartement sans porte ? »
Face au tribunal, tel un maître de conférences, il théorise sa « stratégie de la division immobilière ». Au 179, avenue Roger-Salengro (15e arrondissement), dans un immeuble de trois étages, il va passer de six à vingt et un logements. Le plus exigu n’atteint pas 5 m², d’autres sont aveugles, sans point d’eau. Au 85-87, boulevard Viala (15e), dans les deux bâtiments d’une cité ouvrière composés chacun de seize casemates de 9 m² où la lumière entre à peine, il en crée dix de plus. Face au président du tribunal, Pascal Gand, le prévenu se veut pédagogue : « Au lieu d’un T4 à 600 euros, on fait deux T2 qui vont rapporter 800 euros. »
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