Tous les acteurs de la santé en conviennent, presque quatre mois après sa nomination comme ministre de la santé, Aurélien Rousseau est arrivé à un « moment test ». Plusieurs moments, même, tant les dossiers s’accumulent sur son bureau. Aide médicale d’Etat remise en question au Sénat, économies sur les dépenses de santé débattues au Parlement, reprise des négociations conventionnelles avec les médecins libéraux, hôpital sous tension à la veille de la saison hivernale, pénurie de médicaments… Le ministre, qui avait promis, à sa prise de fonctions, le 21 juillet, que « le temps des preuves » était venu, marche encore sur un fil. Il le reconnaît d’ailleurs à demi-mot : « Au ministère de la santé, celui de toutes les urgences, ce qu’il faut déjà, c’est ne pas faire de faute, c’est fondamental », fait-il valoir en nous recevant le jeudi 16 novembre.
Ces derniers jours, il a occupé le banc des ministres au Sénat, où a été discuté, article après article, le budget de la « Sécu » pour 2024, largement dénoncé comme insuffisant.
Avec un sujet qui a enflammé les discussions bien qu’il soit, formellement, absent du texte : les franchises médicales. Le « doublement » de ces sommes restant à la charge des assurés, qui s’appliquent, depuis quinze ans, sur chaque boîte de médicament achetée (0,50 euro) ou lors d’une consultation chez le médecin (1 euro), évoqué comme une piste d’économies sur les dépenses de santé, n’a toujours pas été tranché. Au grand dam des médecins et des patients, opposés à cette possible augmentation, mais aussi des parlementaires de l’opposition, de droite comme de gauche, qui, à l’Assemblée puis au Sénat, n’ont cessé d’attaquer le ministre sur cette « zone d’ombre ». Les échanges au Palais du Luxembourg, jeudi soir, en ont encore offert un exemple.
« La décision n’est pas prise »
L’intéressé se défend de tout manque de transparence. « On ne cache rien, la décision n’est pas prise, elle le sera avant la fin de l’année », nous assure-t-il. Le temps, pour l’exécutif, de décider si ce scénario est susceptible, ou non, de cristalliser la colère des Français sur le pouvoir d’achat. Lui se dit aujourd’hui « prêt à assumer » cette mesure polémique. Avec de nouveaux chiffres à l’appui : « Demain, cela représenterait environ 17 euros supplémentaires, en moyenne, par personne et par an, si on les double. » Une manière d’éviter au budget de la santé d’autres coupes, alors que le déficit de la « Sécu » repart à la hausse.
Cette augmentation des franchises médicales doit permettre de dégager 800 millions d’euros, sur les 1,3 milliard d’euros d’économies prévus sur la « responsabilisation » des acteurs. Avec une garantie : le maintien d’un plafond de 50 euros par patient et par an – sa « ligne rouge » – doit permettre de préserver les patients en affection longue durée. « Ils sont déjà quasiment tous à ce plafond », dit-il.
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