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Pour lutter contre l’isolement dans les Ehpad, un « droit de recevoir ses proches et de visiter les siens »

Un rapport, remis au ministère de la santé à la mi-novembre, préconise d’instaurer ce droit dans les maisons de retraite médicalisées, mais l’idée suscite des résistances chez les professionnels.

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Publié le 29 novembre 2023 à 09h03

Temps de Lecture 2 min.

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L’entrée d’un Ehpad, à Nantes, le 30 novembre 2022.

 « Il est l’amour de ma vie et je suis son dernier », dit-elle. Chaque mercredi, vers 13 heures, Stéphanie quitte son travail. Elle prend le volant et roule vite. Fabrice (les prénoms ont été modifiés) l’attend dans un Ehpad, à une trentaine de kilomètres de Périgueux.

A 65 ans, l’ancien éducateur vit dans une « unité fermée » avec d’autres résidents atteints, comme lui, d’une pathologie neurodégénérative. Les visites dans cette maison de retraite publique sont permises de 13 h 30 à 18 heures. Or, Stéphanie n’est libre qu’un après-midi par semaine. Le mercredi est l’unique moment où le couple peut se retrouver. « Ici, ce n’est pas une prison », assure la direction de l’établissement. « Quand même un petit peu ! », regrette Stéphanie qui s’étonne de trouver, certains jours, Fabrice enfermé dans sa chambre, par le personnel qui en détient la clé.

Au plus fort de l’épidémie de Covid-19, en 2020, les Ehpad ont été confinés pendant des semaines. Les portes ne se sont pas largement rouvertes depuis. Les restrictions de visite perdurent. Les entraves se sont même accrues dans certains cas.

Des « freins à la présence des proches »

« Plusieurs alertes récentes montrent la perpétuation de certains comportements, comme si la crise avait permis de découvrir un pouvoir du directeur jusque-là inexploité », atteste Laurent Frémont, dans un rapport remis, le 14 novembre, au ministère de la santé. Le juriste, enseignant à Sciences Po, dresse le tableau sombre des « traumatismes » de milliers de familles dont les proches, « enfermés » en Ehpad pendant la crise sanitaire, sont morts de chagrin sinon du virus. Pour « éviter que ces isolements forcés ne se reproduisent », il plaide pour un « droit de recevoir ses proches, et de visiter les siens ».

Lire aussi l’enquête : Article réservé à nos abonnés Le groupe d’Ehpad Emera dans la tourmente judiciaire, deux ans après le scandale Orpea

La mesure figure dans la proposition de loi « portant mesures pour bâtir la société du bien vieillir en France », adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale, le 23 novembre. Pour la première fois, un texte législatif dispose que le « droit » au « respect » de « la vie privée et familiale » d’un pensionnaire d’une maison de retraite suppose la « visite de sa famille et de ses proches ». « Il était nécessaire d’en passer par la loi », se félicite Bernadette Ojardias, vice-présidente du collectif Ehpad Familles 42 et autres départements. L’association, établie dans la Loire, calcule que, sur une quinzaine d’Ehpad à Roanne et ses environs, cinq sont actuellement fermés aux visiteurs le matin et le soir.

La Défenseure des droits, Claire Hédon, aurait préféré que la loi aille jusqu’à prévoir un « droit de visite quotidien ». L’institution observe, elle aussi, les « freins mis à la présence des proches » en Ephad. Elle se fonde sur des témoignages reçus encore ces derniers mois, comme celui de Mme Z., dont le père, confie-t-elle, « totalement dépendant, ne peut s’alimenter seul ». Les horaires de visites (14 heures-18 heures) l’empêchent d’être présente au moment des repas. L’homme est dénutri et présente plusieurs escarres. L’établissement prétend lui fournir des compléments alimentaires. Mme Z. affirme « les retrouver dans l’armoire, non utilisés ».

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