L’affaire Hambli, du nom de ce narcotrafiquant d’envergure recruté comme source par l’Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants (OCRTIS), vient de connaître l’un des premiers développements judiciaires favorables à son ancien directeur, François Thierry. Mis en examen en août 2017 pour « complicité de trafic de stupéfiants », celui-ci ne cesse de clamer, depuis, qu’il n’a jamais protégé le commerce illégal de son informateur, qui n’avait que pour mission d’assurer la logistique d’acheminement du cannabis depuis le Maroc vers la France pour le compte de Moufide Bouchibi, un autre trafiquant que l’OCRTIS voulait faire tomber.
Le 12 décembre, le parquet de Bordeaux a donné quitus à François Thierry en prenant des réquisitions de non-lieu à son égard, comme l’a révélé l’AFP. En septembre 2022, les magistrats lyonnais, saisis d’une autre partie de l’affaire, avaient eu une interprétation différente des méthodes d’enquête de l’ancien chef de la lutte antidrogues en décidant de le renvoyer devant une cour d’assises pour « faux en écriture publique » et « destruction de preuve ».
François Thierry s’était attaché, au cours de l’enquête le visant, à expliquer la stratégie policière baptisée « Myrmidon » et lancée par l’OCRTIS en 2010, consistant à « détecter le plus en amont possible les flux de marchandises à destination du territoire national pour en suivre le cheminement au plus près et interpeller (…) les commanditaires après réception de leurs produits via le recrutement ciblé de sources humaines qui évoluent au Maroc, en Espagne et en France dans l’activité logistique des trafics ».
« Une source en or »
De l’aveu même du supérieur hiérarchique de François Thierry, Philippe Veroni, Sofiane Hambli était « une source en or ». Selon le décompte de l’OCRTIS, quand éclate l’affaire, cette « source » avait permis la saisie de plus de « 60 tonnes de cannabis, l’identification de plusieurs dizaines de malfaiteurs chevronnés, l’élucidation d’une douzaine de règlements de comptes et plus d’une centaine d’interpellations ». En travaillant main dans la main avec un trafiquant de ce niveau, l’OCRTIS s’est-elle compromise au point de se rendre complice de l’importation de stupéfiants sur le sol français au profit de son informateur ?
Si les informations transmises aux autorités judiciaires lors des livraisons surveillées par son service sont jugées « lacunaires » par le parquet de Bordeaux – une manière, pour François Thierry, de « conserver unilatéralement le choix de la stratégie d’enquête et de l’opportunité des poursuites ne relevant pas de ses fonctions » –, l’accusation note que le « cadre applicable au moment des faits ne l’exigeait pas », ce qui « constituait une fragilité du dispositif dans la détermination de l’autorité judiciaire compétente ». Selon elle, l’ancien patron de l’OCRTIS ne peut, dès lors, être poursuivi pour « complicité par abstention, l’existence de remontée de produits stupéfiants ayant été signalée au préalable, même a minima ».
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