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« Le dernier soir » d’une militante radicale pour le suicide assisté

Thomas Misrachi, journaliste et membre de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité, raconte dans un livre l’acte militant de Jacqueline Jencquel, qu’il a accompagnée quand elle a souhaité mettre fin à ses jours, en 2022, malgré sa bonne santé. L’auteur risque des poursuites judiciaires.

Par  et

Publié le 20 janvier 2024 à 05h30, modifié le 20 janvier 2024 à 10h13

Temps de Lecture 4 min.

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Jacqueline Jencquel, alors vice-présidente de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), à Paris, le 2 novembre 2016.

Il est arrivé le cœur presque léger pour parler de la mort. De la sienne, qu’il a programmée, dit-il, à 75 ans. Et de celle de son « amie » et militante, Jacqueline Jencquel, défenseuse radicale du suicide assisté, qui a mis fin à ses jours en mars 2022, à 78 ans, sans souffrir d’aucune pathologie incurable. Ce matin de mi-janvier, Thomas Misrachi, 52 ans, grand reporter chez TF1, nous reçoit dans un café du Marais, à Paris, pour parler de son livre Le Dernier Soir (Grasset, 144 pages, 16 euros), qui paraîtra le 24 janvier, et où il raconte les dernières heures de cette femme pour qui il a eu, dit-il, un « coup de foudre amical », quatre ans avant son décès.

Un « objet littéraire », juge-t-il, citant son éditeur, où les noms des uns et des autres ont été transformés mais où la réalité est à peine romancée. Une bombe, il le sait. En tenant la main de Jacqueline Jencquel, jusqu’à son dernier souffle, assistant sans mot dire à ses derniers instants, l’observant, impassible, avaler une potion létale qu’elle conservait soigneusement depuis dix ans dans ses armoires, Thomas Misrachi risque la prison, pour « non-assistance à personne en danger ». « Cinq ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende », récite-t-il, auquel s’ajoute le délit potentiel de « promotion du suicide », précise-t-il.

Mais, en ce matin glacial de janvier, un nuage noir a quitté son ciel d’homme tourmenté. Le quinquagénaire montre sur son smartphone le message de l’un des fils de Jacqueline Jencquel qui, après avoir lu son manuscrit, lui assure être non pas « jaloux » du rôle joué par l’auteur mais « admiratif ». « Si ça passe avec lui, ça ira avec les deux autres fils », imagine-t-il. Le fils n’ignorait rien du projet de sa mère, qui expliquait, en 2018, sur le site Konbini, vouloir en finir avant d’échouer « dans un mouroir », à savoir un Ehpad. « Faire l’amour avec un mec qui a un bide énorme (… ) ça ne m’intéresse plus », arguait-elle, face caméra.

« J’étais un criminel en devenir »

Jacqueline Jencquel est alors une cheville ouvrière de l’Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD), bête noire des opposants à l’aide active à mourir. « Une guerrière qui tenait à se faire appeler d’un prénom masculin : Jack », se souvient Jean-Luc Romero-Michel, président d’honneur de l’association, dans son livre Le Serment de Berne (L’Archipel, 2023).

Il précise toutefois aujourd’hui au Monde, inquiet de l’effet contre-productif que pourrait avoir ce livre sur le combat de son association : « Je salue son engagement au sein de l’ADMD mais le combat personnel de Jacqueline Jencquel n’est pas aujourd’hui emblématique de la loi que nous souhaitons. Ce n’est pas parce qu’on se sent trop vieux, encore moins parce qu’on n’a plus d’argent, qu’on pourrait prétendre à être aidé à mourir. »

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