Croissance fulgurante, chute brutale. Neuf ans après sa création, le groupe privé d’établissements pour personnes âgées et handicapées Medicharme a demandé et obtenu, jeudi 29 février, son placement en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Nanterre. Les magistrats ont autorisé le maintien de l’activité des établissements jusqu’au 15 avril.
Avant d’être officiellement en faillite, le groupe avait, fin novembre 2023, discrètement mis en vente ses 43 établissements, dont 34 Ehpad, dans le cadre d’une procédure de « prepack cession » qui permet l’examen à huis clos des offres par un mandataire judiciaire et des clauses avantageuses pour les repreneurs.
Les noms des acquéreurs seront connus le 21 mars à l’issue d’une nouvelle audience au tribunal. Grevé par une dette de 150 millions d’euros, Medicharme n’avait d’autre solution que de vendre pour tenter de « maintenir en activité le maximum d’établissements », confiait récemment sa présidente, Delphine Mainguy. Le groupe comptait 2 011 lits et 1 230 salariés.
Son modèle économique était dans une impasse. Son fondateur, Patrick Boulard, avait assis son développement sur la spéculation immobilière. Pour dégager des marges, il achetait des Ehpad indépendants dont il revendait chaque chambre à des investisseurs institutionnels ou à des particuliers en quête de placement défiscalisés. Avec la plus-value, il se refinançait pour de nouveau acheter. En échange, chaque Ehpad Medicharme versait de copieux loyers à ses bailleurs.
La crise sanitaire de 2020 -2021 puis le scandale Orpea en 2022 ont entraîné une baisse du nombre de résidents au moment où les charges (coût d’intérim, inflation) ont grimpé en flèche. Les loyers sont devenus trop lourds à supporter pour des recettes en berne. Au point de ne plus laisser de marge pour payer les fournisseurs et d’encourager à réaliser des économies sur la prise en charge des résidents.
Un modèle « absurde »
Des opérateurs privés commerciaux ont déposé des offres de reprise et d’autres pourraient se porter acquéreurs jusqu’au 20 mars. Le tribunal examine leur dossier à l’aune des propositions sur les loyers. Tous seront autorisés à baisser leur montant. Reste à savoir qui sera le mieux-disant.
Certains établissements n’ont toutefois pas trouvé de repreneur à ce jour. L’Ehpad La Madrague, au village Le Fossat, en Ariège, est trop petit (47 lits) pour attirer un groupe privé lucratif, explique Laurent Panifous, député (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires) du département.
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