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Régis Aubry, membre du Comité consultatif national d’éthique : il faut « replacer l’accompagnement de la mort au centre de la société »

Le co-initiateur de la « stratégie décennale » pour les soins palliatifs du futur projet de loi pour une « aide à mourir » explique notamment, dans un entretien au « Monde », comment faire en sorte de médicaliser le moins possible la fin de vie.

Propos recueillis par 

Publié le 12 mars 2024 à 10h50, modifié le 13 mars 2024 à 09h26

Temps de Lecture 6 min.

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Régis Aubry, membre du Comité consultatif national d’éthique, à Paris, le 13 septembre 2022.

Le projet de loi qui ouvre une « aide à mourir » – présenté par le président de la République, Emmanuel Macron, dimanche 10 mars, dans les quotidiens La Croix et Libération –, suscite un tollé chez une bonne partie des soignants. Médecin en soins palliatifs au pôle « autonomie handicap » du CHU de Besançon, le professeur Régis Aubry, membre du Comité consultatif national d’éthique et co-initiateur de la « stratégie décennale » qui a inspiré le chapitre du projet de loi consacré à ces soins, récuse la plupart de leurs critiques.

Un collectif d’une vingtaine de sociétés savantes et de syndicats de soignants reproche à Emmanuel Macron de vouloir masquer l’ouverture à l’euthanasie et au suicide assisté dans le projet de loi sur la fin de vie en utilisant l’expression « aide à mourir ». Vous-mêmes, bien qu’étant favorable à une évolution du cadre légal, partagez-vous ces critiques sur la sémantique ?

Le chef de l’Etat affirme dans l’entretien que le terme « aide à mourir » est « simple et humain ». Je trouve à l’inverse que la formule n’est pas claire et qu’il s’agit d’un euphémisme. Il serait plus explicite de dire que le projet de loi autorise l’« assistance au suicide ». Cette expression signifie que la personne serait elle-même autorisée – sous certaines conditions – à s’administrer le produit létal, sauf à ce qu’elle ne puisse pas physiquement accomplir le geste. Dans ce cas, un tiers pourrait l’assister dans la prise de la substance.

Cet appui extérieur éviterait une forme d‘injustice entre malades capables et incapables de se donner la mort. Les interventions d’un tiers resteraient, je pense, exceptionnelles. On observe qu’elles sont peu nombreuses dans les pays qui ont légalisé l’assistance au suicide. Il existe des technologies qui permettent de l’éviter. Je citerai le procédé des pousse-seringue, qui peut être activé par le simple mouvement des paupières de la personne malade.

Approuvez-vous le choix du président de la République de ne pas envisager l’intervention d’un tiers si le malade qui souhaite mourir peut physiquement accomplir le geste létal ?

La dépénalisation de l’assistance au suicide est la modalité qui avait été considérée comme la plus éthique par le Comité consultatif national d’éthique dans son avis 139 rendu sur la fin de vie en septembre 2022, dont j’étais le corapporteur. Contrairement à l’euthanasie, qui suppose que le geste létal soit accompli par un soignant, l’assistance au suicide respecte l’autonomie de la personne. Le fait de laisser le malade lui-même faire le geste permet de s’assurer qu’il a réellement la volonté de mourir et de lever tout doute sur son ambivalence ultime.

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