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Bébé secoué : aux assises de Paris, un père condamné, un grand-père réhabilité et un champ de ruines

Sébastien D., qui niait les faits, a été déclaré vendredi coupable de coups mortels sur sa fille, âgée de 2 mois. Il a été condamné à cinq ans de prison, dont un avec sursis. Les deux hommes, qui ne s’étaient plus parlé depuis six ans, ont fini par se tomber dans les bras à l’issue du verdict.

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Publié le 16 mars 2024 à 09h05, modifié le 16 mars 2024 à 09h18

Temps de Lecture 3 min.

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Il est 21 heures, vendredi 15 mars, la cour d’assises de Paris vient de rendre son verdict, et au pied de l’estrade où siègent les juges et les jurés s’étend un champ de ruines. Plié en deux sur la petite table devant lui, la tête enfouie dans les bras, Sébastien D. pleure. La cour vient de déclarer cet homme trapu de 35 ans coupable de coups mortels, en 2017, sur sa fille Louna, alors âgée de 2 mois. L’autopsie avait révélé toutes les caractéristiques du syndrome du bébé secoué, cause incontestable de la mort. Personne n’avait rien noté d’anormal dans le comportement de l’enfant avant que Sébastien D. ne passe la soirée seul avec elle, et qu’elle soit prise de convulsions au cours de la nuit. Il est condamné à cinq ans de prison, dont un avec sursis.

Pendant six ans d’instruction et cinq jours de procès, Sébastien D. a nié. Ses dénégations – son « déni », a dit l’avocate générale, qui avait requis sept ans – n’ont pas résisté à l’épreuve de l’audience, où sa culpabilité est apparue chaque jour un peu plus nette. Mis sous une énorme pression par la présidente Isabelle Pulver, il a répété fermement, des dizaines de fois, n’avoir « jamais secoué [sa] fille ». Juste avant que la cour ne se retire pour délibérer vendredi, il a prononcé, l’air contrit, ces mots troublants : « J’aimerais insister sur le fait que je n’ai aucun souvenir d’avoir fait du mal à ma fille. » Cela ressemblait à un début d’aveu.

Sur le banc des parties civiles, dans les bras de l’homme avec qui elle a refait sa vie, Sandrine R. pleure aussi. Cette femme de 35 ans est la mère de Louna. Jusqu’au procès, elle n’avait jamais pu concevoir que le père de sa fille ait commis le pire. Avant la naissance de Louna, Sébastien D. avait reconnu Lucas, le garçon de 2 ans qu’elle avait eu d’un autre homme disparu dans la nature. Après la mort de Louna, tous deux avaient poursuivi leur histoire, refait un enfant – une fille prénommée Louane, deuxième prénom Louna à qui il faudra expliquer tout ça un jour – puis s’étaient séparés en bons termes. Malgré le choc de l’audience, elle a dit, par la voix de son avocate, souhaiter que Sébastien D. puisse continuer à voir ses enfants, mais réclame le retrait de l’exercice de l’autorité parentale.

Une famille détruite

Le corps secoué par les sanglots, le visage tordu par le chagrin, Didier D. pleure plus que tout le monde. Ce petit homme pansu de 61 ans est le père de Sébastien D. C’est dans son petit appartement parisien, où il hébergeait son fils, sa belle-fille et leurs deux enfants en attente d’un logement, que le drame a eu lieu. Curiosité : il était aussi accusé dans ce procès. C’est lui qui a découvert le corps pris de convulsions de Louna dans son landau en rentrant du travail le soir, et le juge d’instruction chargé de l’affaire a estimé que pendant le très court laps de temps qu’il a passé dans la chambre de l’enfant à ce moment-là, il pouvait avoir commis le secouement fatal, hypothèse qui s’est totalement effondrée à l’audience.

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