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Politique de la ville : comment le tout-sécuritaire l’a emporté

Les services de l’Etat signeront le 31 mars la nouvelle génération de « contrats de ville » avec les collectivités locales. Acteurs de terrain et observateurs décrivent une politique de la ville « en état de mort cérébrale ». Le maintien de Sabrina Agresti-Roubache à la tête du secrétariat d’Etat conforte leurs inquiétudes.

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Publié le 22 mars 2024 à 04h15, modifié le 22 mars 2024 à 16h02

Temps de Lecture 5 min.

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Emmanuel Macron, dans le quartier de la Castellane, à Marseille, accompagné de la présidente de la Métropole Aix-Marseille-Provence, Martine Vassal, du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, de la secrétaire d’Etat chargée de la ville, Sabrina Agresti-Roubache, du maire de Marseille, Benoît Payan, et du garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti, le 19 mars 2024.

La situation peut paraître paradoxale, mais elle révèle le désarroi des élus et des associations de banlieue. Tous ne cessent de décrier la politique de la ville, ils se battent pourtant pour en bénéficier. Cela fait des mois qu’ils négocient avec les services de l’Etat les nouveaux « contrats de ville », ces accords qui fixent le cadre d’intervention des pouvoirs publics dans les quartiers prioritaires pour les six prochaines années. Quelques milliers d’euros pour organiser des sorties culturelles, coordonner le suivi d’élèves en difficulté, cofinancer des inscriptions dans un club sportif… Davantage lorsque le quartier fait l’objet d’un projet de rénovation urbaine.

Des mois de négociations pour « des queues de cerises », souffle un élu, qui souhaite garder l’anonymat pour ne pas « risquer de compromettre » ses pourparlers. « Mais nous en avons cruellement besoin, explique-t-il. Sans ces maigres deniers, les quartiers plongeraient dans une misère encore plus grande. Cela en dit long sur notre désespoir. »

Le renouvellement de ces contrats était attendu depuis plusieurs années – les précédents, qui datent de 2015 et auraient dû prendre fin en 2022, ont été prorogés. Les nouveaux devraient être signés le 31 mars. « C’est une usine à gaz, qui, en réalité, ne sert qu’à distribuer des subventions aux associations », dénonce le géographe Daniel Béhar, professeur à l’Institut d’urbanisme de Paris. Et qui masque mal le manque d’ambition du gouvernement en matière de politique de la ville.

Pas de moyens

En 2017, Emmanuel Macron promettait aux habitants des quartiers populaires de lutter contre l’« assignation à résidence » et les inégalités sociales. Il parlait émancipation individuelle et « start-up nation », jamais de mobilisation de lourds moyens publics. Un cap et pas de moyens : la politique de la ville façon Macron répond à ses aspirations libérales.

Sept ans plus tard, le cap a changé, pas le dogme. Il n’est plus question d’inégalités mais de sécurité. Pour preuve, la mise sous la tutelle du ministère de l’intérieur du secrétariat d’Etat chargé de la ville et la visite surprise du président de la République à Marseille, dans le quartier de la Castellane, mardi 19 mars, pour soutenir l’opération « Place nette XXL » visant à « porter un coup d’arrêt au trafic de drogues ».

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Secrétaire d’Etat chargée de la ville et du plan Marseille en grand, Sabrina Agresti-Roubache était présente à ses côtés. Depuis sa nomination inattendue à l’été 2023, elle ne cesse de marteler sa ligne politique. Ainsi, quelques jours plus tôt, le 6 mars, invitée de Sud Radio : « La première chose, c’est la sécurité », « nous allons pilonner les points de deal », « mettre du bleu partout », « comme à Marseille »…

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