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Prostitution : un procès pour les occupants de la « Villa Biron » et son propriétaire octogénaire

Huit personnes seront jugées à Bobigny, du 13 au 17 mai, pour leur rôle dans l’organisation de l’activité au sein de cette vaste maison close proche de Paris.

Par  et

Publié le 25 avril 2024 à 05h15, modifié le 25 avril 2024 à 14h53

Temps de Lecture 6 min.

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Dans la cour des deux immeubles du 29, rue Villa-Biron, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), où est installée, depuis des années, une communauté de travailleuses du sexe. Ici, le 8 février 2023.

L’écriture est ronde et penchée, le propos décidé. « Je m’appelle Alexandra, j’ai 19 ans. Je suis venue en France à cause de ma tante, qui m’a dit qu’on allait faire du tourisme. » Arrivée du Pérou trois ans plus tôt, Alexandra s’exprime dans un français parfait. Dans cette lettre datée de mars 2021, la jeune femme décrit sa vie à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), à quelques encablures du périphérique parisien, et il n’y est pas question de tourisme du tout.

Elle et ses parents se sont installés dans l’immeuble où vit sa tante, rue Villa-Biron. « Je ne comprenais pas pourquoi il y avait des hommes partout en bas de chez moi et dans l’immeuble », écrit Alexandra, qui a mis un moment à saisir qu’elle avait débarqué dans une vaste maison close occupée par des personnes transgenres, et que sa tante, Wendy, en était l’un des piliers. « J’ai compris que j’allais devoir vivre là tout le temps avec la prostitution, la drogue et les voleurs. »

Alexandra est élève au lycée, ses nombreuses absences non justifiées ont alerté l’assistante sociale scolaire, qui a signalé sa situation à l’aide sociale à l’enfance. Une intervention urgente est requise, d’autant plus que la mère d’Alexandra lui « demande de plus en plus de travailler dans l’immeuble. Cela arrive quand elle est bourrée ». La jeune femme conclut : « J’ai besoin que l’on m’aide à sortir de cette maison. »

Les deux pages manuscrites sont transmises au procureur de la république de Bobigny. Alexandra est convoquée par la brigade de répression du proxénétisme (BRP) de la police judiciaire de Paris, à qui elle raconte la « Villa Biron » : « Un grand nombre de transsexuels arrivant directement d’Amérique latine y sont logés. Ils peuvent être entassés jusqu’à six, huit ou neuf dans des chambres de 10 mètres carrés totalement insalubres, équipées de lits superposés. La plupart du temps, ce sont de jeunes garçons qui veulent transformer leur corps dans leur pays d’origine, espérant gagner beaucoup d’argent en Europe. Une espèce de “mentor” là-bas ou en France – des transsexuels plus âgés – leur propose de financer tout le “package”, c’est-à-dire l’opération de chirurgie, la prise d’hormones et l’organisation du voyage vers la France. Et également la fourniture d’un logement et d’une place au bois de Boulogne. C’est comme ça qu’ils se retrouvent endettés. »

« Ecosystème criminel hiérarchisé »

Quelques mois plus tôt, la BRP avait reçu le signalement d’une prostituée transgenre, anonyme et apeurée, qui était parvenue à s’enfuir du lieu. Son témoignage avait déclenché l’enquête, celui d’Alexandra va l’accélérer. Après plusieurs mois d’écoutes, de filatures et d’analyse des documents financiers, les policiers de la BRP interpellent, en novembre 2022, le propriétaire de l’immeuble et plusieurs habitantes identifiées comme les organisatrices de la prostitution – au bois de Boulogne, en province ou au sein même des treize studios et appartements sales et surpeuplés de la Villa Biron.

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