Son rapport était attendu. La commission d’experts chargée en janvier par Emmanuel Macron d’évaluer l’impact de l’exposition des jeunes aux écrans a présenté ses conclusions, mardi 30 avril, après plus de trois mois de travail. L’omniprésence des écrans et leurs effets sur la santé inquiètent, y compris au plus haut niveau de l’Etat. Le président de la République a donné un mois au gouvernement, mercredi 1er mai dans un message sur le réseau X, pour « examiner [c]es recommandations et les traduire en actions ».
Dans ce rapport de 142 pages, intitulé « A la recherche du temps perdu », dont une partie a été révélée par des quotidiens régionaux lundi 29 avril, les dix spécialistes ont passé en revue la littérature scientifique, réalisé une centaine d’auditions d’experts et de praticiens, rencontré cent cinquante jeunes. S’ils rappellent en préambule « les avantages de ces outils, capables d’émanciper les enfants, leur permettant d’accéder plus facilement à la connaissance », ils s’inquiètent et préviennent d’emblée : « On doit assumer un discours de vérité pour décrire la réalité de l’hyperconnexion subie des enfants et des conséquences pour leur santé, leur développement, leur avenir, pour notre avenir aussi… »
« Un consensus scientifique net se dégage sur les conséquences néfastes des écrans sur plusieurs aspects de la santé somatique des enfants et des adolescents », résume le rapport. Les experts insistent sur la nécessité d’une réflexion collective : « Parents, enseignants, créateurs de contenus, administrations, c’est l’ensemble de la société qui doit s’engager. » S’ils disent être dans la nuance, leurs mots sont souvent forts, leurs propositions-chocs veulent marquer les esprits.
Des alertes guère entendues
Le numérique est partout, avec pas moins de dix écrans par foyer en moyenne. Un phénomène qui a été amplifié lors des confinements de la pandémie de Covid-19.
Si des règles de bon usage ont été édictées depuis longtemps par des experts, elles ne sont pas toujours connues et le temps d’exposition de nos enfants est bien supérieur aux recommandations émises, tant en France qu’à l’international. L’étude 2024 sur les jeunes et la lecture réalisée par l’institut Ipsos pour le Centre national du livre, citée dans le rapport, montre que les jeunes âgés de 7 à 19 ans passent en moyenne 3 h 11 min sur les écrans chaque jour. Un temps volé au jeu, à la lecture…
La commission s’inquiète des conséquences sur la santé, décrites par la littérature scientifique et de nombreux experts. Mais ces alertes ne sont guère entendues. « Nous avons été bousculés [face aux] stratégies de captation de l’attention des enfants, devenus une marchandise à monétiser, et alarmés par certaines représentations, de la femme par exemple », a insisté le psychiatre addictologue Amine Benyamina, coprésident du groupe d’experts.
Il vous reste 73.04% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
