Alors que les difficultés se sont accumulées, ces derniers mois, pour le système de lutte antidrone prévu pour les Jeux olympiques (JO), son déploiement a malgré tout débuté, la semaine du 1er mai, a appris Le Monde, de source militaire. « Il y a encore des calibrages qui doivent être faits, mais on est sereins », assure-t-on à l’état-major de l’armée de l’air, qui gère la coordination de ce pan de la sécurité des JO.
Ce système, baptisé « Parade », coproduit par les sociétés Thalès et CS Group (aujourd’hui détenu par Sopra Steria) avec toute une gamme de sous-traitants, suscite des interrogations depuis de longs mois. Doutes ravivés par la décision rarissime de ne pas rendre public le rapport d’une mission d’information du Sénat sur la lutte antidrone.
Lancée le 30 janvier et pilotée notamment par le président de la commission des affaires étrangères Cédric Perrin (Les Républicains), cette mission devait initialement rendre ses conclusions en mars. « Vu la sensibilité du sujet », il a été décidé de surseoir, explique M. Perrin. « Il était inutile de divulguer des informations à nos adversaires », détaille le sénateur qui « alerte », dit-il, sur l’avancée du projet Parade depuis longtemps.
Le 14 décembre 2023, il avait ainsi déclaré que « notre lutte antidrone, notamment Parade, n’est pas au niveau du besoin. On a un vrai trou dans la raquette ». Le système « n’est toujours pas opérationnel à hauteur de ce qu’on attend d’un matériel qui doit fonctionner pour les JO », avait-il ajouté.
Location de systèmes complémentaires
Dans la gamme des solutions antidrones actuellement sur le marché, Parade est un système ambitieux. Composé d’un ensemble de « senseurs » (radars, goniomètres, caméras) et d’« effecteurs » pour brouiller la liaison radio permettant à un drone de voler, il se veut capable de détecter tous les appareils de 100 grammes à 25 kilos – soit toutes sortes de microdrones et minidrones – en permanence, à 360 degrés, de jour comme de nuit, avec de surcroît des possibilités d’évolution logicielle dans un contexte de guerre électronique exacerbée.
Le système est supposé être taillé sur mesure pour faire face à l’explosion du nombre de drones en accès libre dans le secteur civil et capables, lors des JO, de perturber une compétition ; que ce soit pour prendre une simple photo, agiter une banderole, ou encore emporter une charge explosive.
Mais les performances de Parade n’ont pas été jugées totalement matures lors d’un certain nombre de tests récents. Ce constat a obligé l’armée de l’air à se résoudre, depuis la fin de 2023, à anticiper la location de systèmes complémentaires, en parallèle de Parade, afin de ne pas être prise au dépourvu et assurer une « bulle » de sécurité parfaitement étanche cet été.
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