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A Bordeaux, une série de cinq overdoses parmi les adeptes du chemsex inquiète

En moins d’un mois, trois personnes sont mortes des suites d’importantes prises de drogues de synthèse. Le parquet de Bordeaux a ouvert une enquête.

Par  (Bordeaux, correspondance)

Publié le 11 mai 2024 à 11h00, modifié le 11 mai 2024 à 16h17

Temps de Lecture 5 min.

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Cinq overdoses, trois morts. A Bordeaux, cette soudaine répétition, en moins d’un mois, de morts et de lésions parmi les adeptes de « chemsex », a remis dans l’actualité cette pratique consistant à enchaîner, durant plusieurs heures ou jours, les prises de drogue de synthèse et les rapports sexuels en groupe et entre hommes.

La série noire a débuté le 12 mars 2024, quand les corps sans vie de deux hommes de 44 et 47 ans, morts depuis plusieurs jours, ont été découverts dans leur appartement. Le 15 mars, une femme de ménage venue faire l’état des lieux d’un studio en grand désordre loué pour trois jours a retrouvé un quadragénaire gisant au sol, inanimé mais vivant, en slip, la lunette des toilettes non loin du visage. Le 16 mars, un homme a fait un malaise chez lui après une soirée de chemsex avec deux amis qui ont pu prévenir les secours. A temps. Le 8 avril, un Bordelais de 56 ans ne s’est pas réveillé après des rapports sexuels sous produits chimiques.

« A ce stade, aucun lien n’est établi entre ces différentes affaires », insiste la procureure de la République de Bordeaux, Frédérique Porterie. Rien, à part la rumeur, n’indique qu’un produit frelaté circule à Bordeaux. Mais pour en être certain et rechercher les causes de la mort, voire l’imputer à un éventuel fournisseur, le parquet de Bordeaux a saisi pour ces affaires le même service enquêteur de la division de la criminalité territoriale.

« Lâcher prise sans retenue morale »

« A chaque fois, la présence de diverses substances et notamment de la 3-MMC et du GBL [des substances psychoactives] a confirmé la thèse d’une consommation de produits toxiques », révèle la magistrate. Drogue de synthèse aux effets similaires aux amphétamines, la 3-MMC se consomme principalement en sniff ou en injection. Le GBL est quant à lui le composant de solvants ou décapants chimiques, détournés de leur usage industriel. Après ingestion, il est rapidement métabolisé en gamma-hydroxybutyrate, à savoir le GHB, classé comme stupéfiant. « La drogue du violeur », rappelle Frédérique Porterie.

« Ces prises de produits visent à amplifier les sensations, les performances, à lâcher prise sans retenue morale », explique Jean-Michel Delile, psychiatre de l’agglomération bordelaise et président de l’association Fédération Addiction, joint par Le Monde à New York où un colloque devait justement évoquer le chemsex.

« Ce sont deux types de produit à fort potentiel addictif avec des effets contraires et complémentaires », poursuit l’ancien directeur général et toujours membre du conseil d’administration du Comité d’étude et d’information sur la drogue et les addictions (CEID-addictions), à Bordeaux. « La 3-MMC va être un stimulant qui donne de la confiance et permet de tenir tout un week-end. Le GBL a un effet désinhibiteur, utile pour des gens qui ne sont parfois pas à l’aise avec leur homosexualité. »

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