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« La seule police d’intervention est vouée à l’échec et contribue à aggraver les tensions »

Frédéric Lauze, nouveau président du Syndicat des commissaires de la police nationale, plaide, dans un entretien au « Monde », pour une nouvelle « philosophie d’action », « en reprenant contact avec la population », sans abandonner pour autant un volet répressif.

Propos recueillis par 

Publié le 13 mai 2024 à 05h45, modifié le 13 mai 2024 à 11h38

Temps de Lecture 7 min.

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Frédéric Lauze, commissaire général et secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale, au siège du syndicat, à La Défense (Hauts-de-Seine), le 2 mai 2024.

Rompre avec une « police hémiplégique » exclusivement guidée par l’intervention et promouvoir une action de longue durée dans les quartiers sensibles. En un mot : rétablir la police de proximité. A 61 ans, Frédéric Lauze, nouveau président du Syndicat des commissaires de la police nationale (majoritaire), dévoile une position à rebours des discours qui sont de mise au sein de l’institution depuis vingt ans, afin, dit-il, de mieux lutter contre la délinquance, mais surtout de renouer les liens avec la population.

Le gouvernement a lancé fin 2023 des opérations d’envergure contre le trafic de stupéfiants baptisées « Place nette ». Cette approche vous semble-t-elle efficace ?

Lorsqu’elles ont lieu de façon combinée dans le temps et la durée, en engageant non seulement la police mais d’autres services de l’Etat pour lutter contre toutes les formes de délinquance et investir des points de deal, qui peut être contre ? C’est évidemment une bonne chose, notamment dans les endroits particulièrement dégradés où les gens connaissent une grande insécurité dans leurs propres halls d’immeuble et jusque sur le seuil de leur porte. Mais ces opérations ont aussi des limites. On a besoin de faire autre chose que du coup par coup et de la communication. La police n’est pas présente de manière continue dans les quartiers pour empêcher la délinquance et la montée en puissance des trafics. Or, elle a besoin de les réinvestir durablement.

De quelle manière ?

En privilégiant le travail en profondeur, qui demande de la technicité et de la discrétion pour démanteler les réseaux. Mais surtout en reprenant contact avec la population, en patrouillant à pied pour établir une relation de confiance, avec des policiers fidélisés sur un territoire sectorisé, qui connaissent les habitants et en soient connus. Ce n’est pas seulement une question de moyens, mais bien une réflexion sur une philosophie d’action.

C’est la définition même de la police de proximité…

On peut l’appeler comme on veut, mais une chose est certaine : ne pas avoir pérennisé ce type de dispositif a constitué une erreur stratégique. Aujourd’hui, la police est trop limitée à l’intervention parce qu’on a supprimé la police de proximité en 2003. Et, lorsque la police de sécurité du quotidien a été mise en place en 2017, elle n’a plus été portée politiquement très rapidement.

Bibliothèque de Frédéric Lauze au siège du Syndicat des commissaires de la police nationale, à La Défense (Hauts-de-Seine).

Pour quelles raisons, selon vous ?

Probablement pour des raisons politiques et parce qu’à un moment donné on a pensé que seule la police d’intervention était nécessaire et efficace. On a aussi manqué de moyens. Mais, quelles que soient les raisons, on le paie très cher parce que le gouffre s’élargit entre la police et certains habitants des quartiers difficiles, voire certains élus. C’est un constat : la seule police d’intervention est vouée à l’échec et contribue à aggraver les tensions.

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