Des images captées par une caméra de vidéosurveillance et largement diffusées sur les réseaux sociaux donnent une idée de la violence qui s’est déchaînée au péage d’Incarville (Eure), sur l’autoroute A154, à 30 kilomètres au sud-est de Rouen, au cours de l’évasion d’un détenu, qui a coûté la vie à deux agents pénitentiaires de Caen, mardi 14 mai, aux alentours de 11 h 10. Au cours de l’attaque, trois autres fonctionnaires ont été grièvement blessés - l’un d’eux était toujours entre la vie et la mort mardi soir. Tous étaient chargés d’escorter un prisonnier, en cours de transfert de la prison d’Evreux vers le tribunal de Caen.
La séquence montre un fourgon cellulaire blanc de l’administration pénitentiaire percuté de face par un véhicule Peugeot 5008 noir alors qu’il vient de franchir le péage. Une voiture, appartenant elle aussi à l’administration pénitentiaire, suit le fourgon et se retrouve bloquée. Presque aussitôt, deux hommes jaillissent de la voiture-bélier tandis que deux autres font irruption à l’arrière de la voiture suiveuse. Tous sont vêtus de noir, cagoulés, et utilisent des armes automatiques. A l’intérieur du fourgon se trouve Mohamed Amra, alias « Momo », « la Mouche », « Yanis » ou « Schtroumpf », un trafiquant de stupéfiants né le 10 mars 1994 à Rouen, « très défavorablement connu des services de police et de justice », et dont le profil interroge.
Selon diverses sources policières et judiciaires interrogées par Le Monde, Mohamed Amra ne serait pas « un gros poisson », plutôt un acteur de « milieu de tableau de la voyoucratie, multicarte et opportuniste ». Comme l’a confirmé dans la soirée de mardi la procureure de Paris, Laure Beccuau, dans une conférence de presse, sa dernière condamnation, à dix-huit mois de prison, avait ainsi été prononcée le 7 mai par le tribunal correctionnel d’Evreux dans une affaire de vol aggravé. Avant cela, le 14 avril 2020, la même juridiction l’avait condamné à trois mois d’emprisonnement pour des rodéos motorisés.
Moins de deux ans plus tard, le 5 janvier 2022, il avait également été condamné à trois ans d’emprisonnement prononcés par la cour d’appel de Rouen, pour « vol par effraction, association de malfaiteurs en vue de la commission d’un crime, extorsion, destruction par moyen dangereux, vol en bande organisée, vol par effraction aggravé et violence avec arme ».
Extrême détermination
Même cette dernière peine ne suffisait pas à le placer parmi les figures du haut du spectre, barons du narcotrafic ou criminels d’envergure. Or, le positionnement intermédiaire de Mohamed Amra dans la hiérarchie du crime ne permet pas d’expliquer l’extrême détermination et le degré de préparation du commando qui a permis son évasion, une action que seuls des truands particulièrement chevronnés sont capables d’organiser et de mener à bien.
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